lundi 23 février 2015

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Accueil

Partons à notre découverte, car nous 'ignorons qui nous somme en
Réalité. Qui suis je? Quelle ma véritable nature ? Tel est l'objectif de
 ce site. Ni plus ni moins que la découverte de soi-même, de sa propre
intériorité, de son monde intérieur.



Ce site est surtout, un
grand point d'interrogation. Il ne vise pas à livrer des réponses
servies sur un plateau. Au dela, des mots, de la pensée discursive, des
concepts, il invite plutôt à la réflexion, à la méditation. Il donne des
 indications, plus que des réponses, il va, en toute simplicité, dans le
 sens du "Connais toi, toi-même".



- Mais que faire pour parvenir à cette réalisation ?



-
 On ne peut atteindre la Vérité par la réflexion et la pensée et encore
moins par l'imagination. Disons simplement que chaque pas qui t'éloigne
de toi, te rapproche de la Vérité. Jusqu'à ce que tu te vides
entièrement de toi-même pour être rempli de l'Unicité. Car le seul
obstacle entre toi et la Vérité, c'est toi.



Il y a deux approches
 face à la question de l'Unicité de l'Etre: l'une philosophique et
spéculative qui s'effectue à travers l'étude et la réflexion; l'autre
expérimentale et pratique qui se réalise dans l'engagement et l'action.
La vie est l'école pratique de l'Unicité de l'Etre




Dis
 moi ce que tu cherches ,je te dirai qui tu es : Si tu es à la recherche
 de la demeure de l'âme ,tu es une âme Si tu es en quête d'un morceau de
 pain ,tu es du pain . Si tu peux saisir le secret de cette subtilité
,tu comprendras : Chaque chose que tu recherches ,c'est cela que tu es .

- Rûmi













" L'optimisme vient de Dieu, le pessimisme est né dans le cerveau de l'homme. "



- Proverbe soufi



Tout est ici-même

Tout est en tout

Tout dépend de tout

Rien à ajouter, rien n'a ôter

Tout est rien, rien est Tout

Ni près, ni loin, pas d'espace

Cela est grandiose, vertigineux, insondable, lumineux




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mardi 3 février 2015

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Celui qui connaît Dieu



Celui qui connaît Dieu est libéré
du souvenir de tout autre que Lui.

Celui qui devient son patient
sait que Sa douleur n'a d'autre remède que Dieu.

L'adoration de soi n'est pas l'adoration de Dieu
cette vérité est notre parole.

Deviens néant pour que tu Sois,
c'est une évidence que l'Etre absolu, c'est Dieu.

La goutte ne s'est pas regardée elle-même et elle est devenue l'océan,
le premier c'est l'annihilation et le deuxième c'est la permanence.

Aucune querelle n'existe entres les espiègles de Dieu,
celui qui est devenu un espiègle de Dieu devient aimable.

Donateur de lumière de toutes les créatures,
tu es la seule et unique personne, même si il existe des milliers de miroir.


Extrait du Divan du Dr. Javad Nurbakhsh. - Traduit du persan.
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Hommages

Merci à toi Siddharta Gautama. Prince des Princes, devenu le Bouddha qui éveille le Prince en soi en quête du Royaume Intérieur. Tu es l'âme de mon Jardin que ta jeunesse éternelle enchante.

Merci à toi Mozart pour ta légèreté, ta profondeur, ta fantaisie. Image sonore de la Réalité, ta musique s'accorde si bien à la symphonie de la Nature.
Merci à toi Gregorio Allegri pour ton sublime, troublant et envoutant "Miserere"

Merci à toi, Dame Nature d'avoir accordé tant de merveilles dont ce corps, source de toutes les émotions, sensations, pensées, visions ... Grâce à toi, le monde se dévoile, identique et différent, nouveau à chaque instant. Le multiple et l'Unique s'entre-mêlent, se marient, fusionnent dans cette incomparable symphonie. Que d'intelligence, l'Intelligence.
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Entretiens de LIN-TSI

Lin Tsi est l'un des plus grands maîtres du bouddhisme zen, le fondateur de l'école Rinzaï, moine chinois qui vécut au neuvième siècle, sous la dynastie Tang, une époque marquée par de nombreux troubles. On sait de lui qu'il fut moine très jeune et qu'il fut disciple de Houang-po dans la succession du sixième patriarche. Il séjourna dans plusieurs monastères, en Chine du Nord. Peu après sa mort en 867, son enseignement fut retranscrit par l'un de ses disciples et donna naissance à l'école qui porte son nom encore aujourd'hui, Lin Tsi en Chine et Rinzaï au Japon, où elle fut implantée au XIII ième siècle. C'est donc l'une des deux écoles du zen aujourd'hui.

Entretiens de LIN-TSI

Prédications
1.
a. - Le gouverneur Wang, qui portait le titre de conseiller ordinaire, et ses fonctionnaires avaient invité le maître à monter en chaire.

En montant en salle, le maître dit :

« Si je monte sur cette chaire aujourd'hui, c'est que je ne puis faire autrement, c'est par respect humain. Pour prôner notre Grande Affaire, si je m'en tenais à la tradition de notre lignée de patriarches et de disciples, je n'ouvrirais simplement pas la bouche, et vous n'auriez où mettre le pied. Mais, prenant en considération la prière instante de Monsieur le conseiller ordinaire, comment en ce jour pourrais-je cacher mes principes ? Y a-t-il donc quelque habile général qui soit prêt sur-le-champ à disposer ses troupes et à déployer ses étendards ? Qu'il témoigne devant l'assemblée, pour voir ! »

b. - Un moine demanda quelle était la grande idée du bouddhisme.

Le maître fit khât.
Le moine s'inclina.

Le maître dit :
« En voilà un qui se montre capable de soutenir la discussion. »
c. - On demanda :
« Et de qui est-il, l'air que vous chantez ? A qui remonte votre manière ? »

Le maître dit :
« Quand j'étais chez Houang-po, j'ai questionnée trois fois, trois fois j'ai été battu. »
Le moine hésita.
Le maître fit khât, puis le battit, disant :
« On ne saurait clouer une cheville dans le vide ! »

d. - Il y eut un maître de la chaire qui demanda :
« N'est-ce pas à mettre en lumière notre nature de Buddha, que servent les Trois Véhicules et le Dodécuple Enseignement ? »

Le maître dit :
« Tes mauvaises herbes ne sont pas encore binées. »
Le moine reprit :
« Comment donc le Buddha aurait-il pipé les hommes ? »

Le maître dit :
« Où est-il, le Buddha ? »

Le prédicateur resta coi.
« Ainsi, dit le maître, à la face du conseiller ordinaire, tu voudrais me mettre dedans, moi le vieux moine ! Retire-toi en vitesse ! Tu empêches les autres de poser des questions. »


e. - Et il ajouta :
« C'est pour une Grande Affaire que nous tenons séance aujourd'hui. Y a-t-il encore des questionneurs ? Qu'ils s'avancent vite et questionnent ! Mais à peine ouvririez-vous la bouche que vous seriez en dehors de la question. Ne connaissez-vous pas la parole du vénérable Çakya ? « La Loi est détachée de la lettre ; elle ne relève pas de la relativité des causes et des conditions. » C'est parce que vous n'avez pas suffisamment de confiance (en vous-mêmes), que nous voilà empêtrés à cette heure dans toutes ces lianes parasites (de vains mots) ! Ce qui est à craindre, c'est que nous n'emberlificotions Son Excellence et Messieurs les fonctionnaires, obscurcissant la nature de Buddha qui est en eux. Mieux vaut nous retirer ! »

Et il poussa un khât, disant :

« Hommes de peu de confiance, on n'en finirait pas avec vous ! Je vous ai gardés longtemps debout. Salut ! »


2.
Comme le maître s'était rendu un jour au gouvernement du Fleuve, le gouverneur Wang, conseiller ordinaire, l'invita à monter en chaire. Alors Ma-yu sortit de l'assemblée et posa la question suivante :

« Du Grand Compatissant aux mille mains et aux mille yeux, lequel des yeux est le vrai ? »
Le maître dit :
« Du Grand Compatissant aux mille mains et aux mille yeux, lequel des yeux est le vrai ? Dis vite, dis vite ! »
Ma-yu tira le maître à bas de la chaire et y prit place lui-même.

Le maître s'avança et lui dit :
« Bonjour, comment ça va ? »
Ma-yu hésita.
Le maître le tira à son tour à bas de la chaire sur laquelle il reprit place.
Alors Ma-yu sortit de la salle ; et le maître descendit de la chaire.


3.
Montant en salle, il dit :
« Sur votre conglomérat de chair rouge, il y a un homme vrai sans situation, qui sans cesse sort et entre par les portes de votre visage. Voyons un peu, ceux qui n'ont pas encore témoigné ! »

Alors un moine sortit de l'assemblée et demanda comment était l'homme vrai sans situation.
Le maître descendit de sa banquette de Dhyâna et, empoignant le moine qu'il tint immobile, lui dit :
« Dis-le toi-même ! Dis ! »

Le moine hésita.
Le maître le lâcha et dit :
« L'homme vrai sans situation, c'est je ne sais quel bâtonnet à se sécher le bran. »
Et il retourna à sa cellule.

4.
a. - Lors d'une montée en salle, il y eut un moine qui sortit de l'assemblée et s'inclina.
Le maître fit khât.
Le moine dit :
« Vieux révérend, mieux vaut ne pas me tâter ! »
Le maître dit :
« Où tombe-t-il ? »
Le moine alors fit khât.

b. - Il y eut encore un moine qui demanda quelle était la grande idée du bouddhisme.
Le maître fit khât.
Le moine s'inclina.
Le maître dit :
« Dis-moi, étais-ce là un bon khât ? »
Le moine dit :
« Le bandit de brousse a subi grande défaite ! »
Le maître dit :
« Où était donc sa faute ? »
Le moine dit :
« Il serait intolérable qu'il la commît à nouveau »
Le maître alors fit khât.

c.- Ce jour-là, les doyens des deux salles, s'étant rencontrés, poussèrent un khât en même temps.
Un moine demanda au maître :
« Y a-t-il encore entre eux la différence entre hôte et visiteur ? »
Le maître dit :
« L'hôte et le visiteur restent parfaitement distincts. »

Et il dit :
« Grande assemblée, si vous voulez comprendre la formule de Lin-tsi sur l'hôte et le visiteur, informez-vous auprès des deux doyens de la salle. »
Et il descendit de chaire.

5.
a. - Le maître étant monté en salle, un moine demanda quelle était la grande idée du bouddhisme.
Le maître leva son chasse-mouches.
Le moine fit khât.
Le maître le battit.

b. - Un moine demanda encore qu'elle était la grande idée du bouddhisme.
Derechef le maître leva son chasse-mouches.
Le moine fit khât ; le maître aussi fit khât.
Le moine hésita.
Le maître alors le battit.

c. - Et le maître dit :
« Grande assemblée, il y en a certes qui, pour la Loi, ne refusent pas de sacrifier leur corps et de perdre la vie. Quant à moi, lorsqu'il y a vingt ans je me trouvais chez mon ancien maître Houang-po, trois fois je l'interrogeai sur ce qu'est exactement la grande idée du bouddhisme, et trois fois il a bien voulu me donner la bastonnade. C'était comme s'il m'eût caressé d'une branche d'armoise aromatique. Maintenant encore je pense à une bonne bastonnade qui me serait administrée. Qui pourrait s'en charger ? »

Il y eut alors un moine qui sortit de l'assemblée et dit :
« Un tel le pourrait »
Le maître saisit son bâton et le lui remit.
Le moine hésita à le recevoir.
Le maître alors le battit.

6.
a. - Lors d'une montée en salle, un moine demanda :
« Qu'en est-il du fil de l'épée ? »
Le maître dit :
« Mauvais ! Mauvais ! »
Le moine hésita.
Le maître le battit.

b.- On demanda alors :
« Dans le cas du frère lai de la Grotte, qui pédalait sur le pilon, où était-il parti lorsqu'il oubliait de bouger les pieds ? »
Le maître dit :
« Submergé dans la source profonde »

c. - Et le maître dit :
« Pour peu que quelqu'un vienne à moi, je ne lui manque pas. Toujours je sais d'où il vient. S'il vient (en se présentant comme étant) ainsi, c'est comme s'il s'était perdu ; s'il vient (en se présentant comme n'étant) pas ainsi, c'est que sans corde il se lie lui-même. En toute occasion, gardez-vous de peser à tort et à travers. Comprendre ou ne pas comprendre, tout cela est faux. C'est là ce que je déclare bien clairement, et les gens du monde entier n'ont qu'à dire de moi tout le mal qu'ils voudront.
Je vous ai gardés longtemps debout. Salut ! »

7.
Le maître monta en salle et dit :

« Pour qui se trouve au sommet d'un pic isolé, point de route de sortie ; à un carrefour, pas non plus d'avant ni d'arrière. De ces deux, lequel l'emporte sur l'autre ? Ne faites pas les Vimalakîrti, ne faites pas les Fou le Grand ! »

Et il descendit de chaire.

8.
Le maître monta en salle et dit :

« Entre un homme qui, pour des périodes cosmiques, se trouve en route sans quitter sa maison, et celui qui quitte sa maison sans être en route, lequel est digne de recevoir les offrandes des hommes et des dieux ? »
Et il descendit de chaire.

9.
a. - Lors d'une montée en salle, un moine demanda quelle était la première formule.
Le maître dit :
« Lorsqu'on enlève le cachet des trois principes essentiels, les points au vermillon restent bien imprimés ;
Il n'y a pas entre hôte et visiteur de différence qui tolérerait hésitation. »

Question : « Quelle est la deuxième formule ? »
Le maître dit :
« Comment la compréhension merveilleuse permettrait-elle qu'on ne posât pas de questions ?
Comment l'expédient salvifique trahirait-il les mobiles d'interception du courant ? »

Question : « Quelle est la troisième formule ? »
Le maître dit :
« Regardez les marionnettes que l'on fait jouer sur l'estrade :

Toujours, pour les tirer, il y a l'homme à l'intérieur. »

b.- Le maître dit encore :
« Chacune des formules doit comprendre trois portes mystérieuses, et chacune des trois portes mystérieuses doit comprendre trois principes essentiels. Qu'il y ait opportunisme, qu'il y ait activité ! Vous tous, comment comprenez-vous cela ? »

Et il descendit de chaire.


INSTRUCTIONS COLLECTIVES
10.
Lors d'une consultation du soir, le maître donna l'instruction collective suivante :
a. Parfois supprimer l'homme sans supprimer l'objet.
b. Parfois supprimer l'objet sans supprimer l'homme.
c. Parfois supprimer à la fois l'homme et l'objet.
d. Parfois ne supprimer ni l'homme ni l'objet.

Il y eu alors un moine qui demanda :
« Qu'est-ce que supprimer l'homme sans supprimer l'objet ? »
Le maître dit :
« La chaleur du soleil fait naître sur le sol un tapis de brocart ;
Les cheveux pendants de l'enfant sont blancs comme fil de soie »

Le moine :
« Qu'est-ce que supprimer l'objet sans supprimer l'homme ? »

Le maître :
« Les ordres du roi sont en vigueur dans l'univers entier ;
Pour le général aux frontières, point de fumée ni de poussière. »

Le moine :
« Qu'est-ce que supprimer à la fois l'homme et l'objet ? »
Le maître :
« Les préfectures de Ping et de Fen sont coupées de toutes nouvelles ;
Elles restent à part, isolées dans leur coin. »

Le moine :
« Qu'est-ce que ne supprimer ni l'homme ni l'objet ? »
Le maître :
« Le roi monte sur son palais fait de matières précieuses ;

Dans la campagne les vieillards se livrent aux chansons »

11.
a.
Et le maître dit :

« Ce qu'il faut actuellement à ceux qui apprennent la Loi du Buddha, c'est avoir la vue juste. Ayant la vue juste, les naissances et les morts ne les affecteront pas ; ils seront libres de leurs mouvements, de s'en aller ou de rester ; et toute supériorité transcendante leur viendra d'elle-même sans qu'ils aient besoin de la rechercher. Adeptes de la Voie, tous nos anciens ont eu leurs routes pour faire sortir les hommes. Quand à moi, ce que je leur montre, c'est à ne se laisser abuser par personne. Si vous avez usage (de ce conseil), faites-en usage ; mais plus de retard, plus de doute ! Si aujourd'hui les apprentis ne réussissent pas, où est leur défaut ? Leur défaut est de ne pas avoir confiance en eux-mêmes.

C'est parce que vous n'avez pas de confiance en vous-mêmes, que vous vous empressez tant à courir après ce qui vous est extérieur, vous laissant détourner par ces dix mille objets, et que vous ne trouvez pas l'indépendance. Sachez mettre en repos cet esprit de recherche qui vous fait courir de pensée en pensée, et vous ne différerez plus d'un Buddha-patriarche. Voulez-vous savoir ce qu'il est, le Buddha-patriarche ? Tout simplement ces hommes qui sont là, devant moi, à écouter la Loi. C'est parce que les apprentis n'ont pas suffisamment de confiance, qu'ils courent tant chercher à l'extérieur ; et même s'ils trouvent quelque chose, ce ne sont que supériorités selon la lettre : jamais ils ne trouvent l'esprit même du patriarche vivant.

Ne vous y trompez pas, vénérables Dhyânistes ! Si vous ne le rencontrez pas en ce moment même, c'est pour des milliers de renaissances, au cours de myriades de périodes cosmiques, que vous circulerez dans le Triple Monde à la poursuite des objets agréables qui vous accrochent, renaissant dans des ventres d'ânesses ou de vaches. A mon point de vue, adeptes, vous ne différez point de Çâkya. Aujourd'hui, au milieu de tant d'activités de toutes sortes, qu'est-ce qui vous manque ? Jamais ne s'arrête le rayonnement spirituel émanant de vos six sens ! Quiconque sait voir les choses de cette manière, sera pour toute son existence un homme sans affaires. »

b.
« Vénérables, il n'y a point de paix dans le Triple Monde ; il est comme une maison en feu. Ce n'est point un lieu où vous restiez longtemps. Le démon tueur de l'impermanence frappe en un seul instant, sans choisir entre gens de haute et de basse condition, ni entre vieux et jeunes.

Voulez-vous ne pas différer du Buddha-patriarche ? Gardez-vous seulement de chercher au dehors de vous-mêmes. Le rayonnement pur émanant de votre esprit à chacune de vos pensées, c'est là le Buddha en son Corps de Loi qui est en votre propre maison ; le rayonnement sans différenciation subjective qui émane de votre esprit à chacune de vos pensées, c'est là le Buddha en son Corps de Rétribution qui est en votre propre maison ; le rayonnement sans différenciation objective qui émane de votre esprit à chacune de vos pensées, c'est là le Buddha en son Corps de Métamorphose qui est en votre propre maison. Ces Trois Corps ne sont autres que vous-mêmes qui êtes là, devant mes yeux, à écouter la Loi. Mais c'est seulement en ne courant pas chercher à l'extérieur, que vous aurez un tel pouvoir.

On se fonde sur les Textes et sur les auteurs de Traités, pour faire de ces Trois Corps des normes suprêmes. A mon point de vue, il n'en est point ainsi. Ces « Trois Corps », ce ne sont que des noms, des mots ; ce ne sont aussi que des point d'appui dépendants. Les anciens l'ont dit : « Les Corps de Buddha ne diffèrent qu'en dépendance du sens qu'on leur attache ; les Terres de Buddha n'existent que du point de vue de la substance. » Il est clair que les Corps et les Terres, qui sont en réalité essence des choses, n'existent comme tels qu'en tant que reflets. »

c.
« Vénérables, sachez reconnaître l'homme en vous qui joue avec des reflets : c'est lui qui est « la source originelle de tous les Buddh » ; c'est lui, adeptes, en qui vous trouvez refuge où que vous soyez. Ce n'est point votre corps matériel fait des quatre grands éléments, qui sait énoncer la Loi ni l'écouter ; ce n'est ni votre rate ni votre estomac, ni votre foie ni votre vésicule biliaire ; les cavités de votre corps non plus ne savent ni énoncer ni écouter la Loi.

Qu'est-ce donc qui sait énoncer la Loi et l'écouter ? C'est vous qui êtes là devant mes yeux, bien distincts un à un, lumières solitaires ne comportant aucune fragmentation physique : voilà ce qui sait énoncer la Loi et l'écouter. Quiconque sait voir les choses ainsi, s'identifie au Buddha-patriarche.
Mais il faut que ce soit à chacune de vos pensées, sans discontinuité, et que tout ce qui touche vos yeux soit tel ! « C'est seulement parce que naissent les passions, que le savoir de trouve intercepté ; c'est du fait des modifications de la conscience, que l'essence se différencie. » Telle est la cause de la transmigration dans le Triple Monde, au cours de laquelle on subit toutes sortes de douleurs. Mais, à mon point de vue, (si l'on sait réaliser l'homme vrai) il n'est plus rien qui ne soit très profond, rien qui ne soit délivrance. »

d.
« Adeptes, les choses de l'esprit sont sans figure sensible ; elles compénètrent tout dans les dix directions. C'est l'esprit qu'on appelle la ʺvueʺ dans l'oeil, l' ʺouïeʺ dans l'oreille, l' ʺolfactionʺ dans le nez, la ʺdiscussionʺ dans la bouche, la ʺpréhensionʺ dans les mains, la ʺcourseʺ dans les pieds. « Ce n'est foncièrement qu'un seul rayon subtil, qui se répartit en six contacts. »

Pour peu qu'on n'ait aucune pensée, on sera délivré où qu'on soit. Quelle est donc mon idée en parlant ainsi ? C'est seulement, adeptes, que je vous vois avoir toutes ces pensées qui vous font courir en cherchant, sans que vous puissiez les arrêter, tombant ainsi dans les vains pièges que vous tendent les anciens. Adopté mon point de vue, adeptes : tranchez la tête du Buddha de rétribution et celle du Buddha de métamorphose. Les Bodhisattva qui ont pleinement satisfait aux dix étapes de leur carrière, sont comme des salariés. Ceux qui ont atteint l'éveil d'identité ou l'éveil merveilleux, sont des gaillards mis à la cangue et chargés de chaînes. Les saints Arhat et les Buddha-pour-soi, sont comme ordures des latrines ; l'éveil et le Nirvâna, comme pieux à attacher les ânes.

C'est seulement, adeptes, parce que vous n'êtes pas parvenus à concevoir la vacuité de toutes les pratiques prescrites aux Bodhisattva pour trois périodes cosmiques incalculables, qu'il y a en vous cet obstacle qui vous obstrue. Jamais rien de pareil chez un véritable religieux, lequel ne sait que « liquider ses actes anciens au fur et à mesure des conditions ». Il s'habille au hasard ; lorsqu'il veut marcher, il marche ; lorsqu'il veut s'asseoir, il s'assied. Il ne lui vient pas la moindre pensée d'aspirer aux fruits de Buddha ou de le rechercher. Et pourquoi ? Un ancien l'a dit : « Pour qui veut rechercher le Buddha en faisant des actes, le Buddha sera grand pronostic de naissance et de mort. «
e.
« Vénérables, le temps est précieux, mais vous ne pensez qu'à vous agiter comme les vagues de la mer, recourant à d'autres pour apprendre le Dhyâna, pour apprendre la Voie, ne voulant connaître que des noms et des phrases, cherchant le Buddha, cherchant les patriarches, cherchant des amis de bien, et vous livrant à des spéculations. Ne vous y trompez pas, adeptes ! Vous avez un père et une mère, c'est tout. Que cherchez-vous de plus ? Essayez donc de retourner votre vision vers vous-mêmes ! Un ancien la dit :

« Yajñadatta croyait avoir perdu sa tête ;
S'il eût cherché le repos de l'esprit, il aurait été sans affaires. »

Tout ce qu'il vous faut, vénérables, c'est vous comporter le plus ordinairement du monde. Pas tant de manières ! Il y a certains coquins chauves, ignorants du bien et du mal, qui prétendent voir des esprits, voir des démons, qui font des signes du doigt à l'est ou des traits à l'ouest, qui aiment à parler du beau temps et de la pluie. Pour toute cette engeance viendra le jour de rendre compte, et ils avaleront des boules de fer brûlant devant le vieux Yama ! Des fils et les filles de bonnes familles se voient envoûtés par cette bande de renards sauvages et de larves malignes. Pour ces gnomes aveugles viendra le jour où l'argent de leur grain leur sera réclamé ! »

12.
a.
Lors d'une instruction collective, le maître dit :
« Ce qui importe instamment, adeptes, c'est de chercher à vous assurer une vue juste. Allez votre chemin en affrontant le monde, sans vous laisser abuser par cette bande de larves malignes. Rien de plus précieux que d'être sans affaires !

Que l'homme se garde seulement de rien fabriquer ! Qu'il se tienne tout simplement dans l'ordinaire ! Vous ne pensez qu'à vous tourner vers l'extérieur et à chercher auprès d'autrui, quêtant des marchepieds : vous vous trompez ! Vous ne pensez que chercher le Buddha : le Buddha est un nom. Et celui-là même qui court chercher, le connaissez-vous seulement ? Les Buddha et les patriarches qui sont apparus dans les trois temps et aux dix orients n'ont fait, eux aussi, que chercher la Loi : et vous de même, vous les adeptes actuels, vous ne faites que chercher la Loi. Mais c'est seulement lorsqu'on trouve la Loi, que c'en est fini ; tant qu'on ne l'a pas trouvée, on continue à circuler dans les cinq voies de la transmigration. Qu'est-ce donc que la Loi ? La Loi, c'est une Loi d'esprit. Elle est sans forme sensible, mais elle compénètre les dix orients ; elle agit actuellement devant nos yeux. Mais les hommes, faute de confiance, ne veulent connaître que des noms et des phrases. Il se tourne vers la lettre pour spéculer sur la Loi de Buddha : c'est là « s'en écarter comme le ciel de la terre ».

b.
« Quant à moi, adeptes, si je parle de la Loi, de quelle Loi s'agit-il ? Il s'agit d'une Loi qui est terre de l'esprit. Par l'esprit on peut accéder à la profanité comme à la sainteté, à la pureté comme à l'impureté, à la vérité absolue comme à la vérité vulgaire. Mais, de fait, ce n'est pas à la vérité absolue ou vulgaire, à la profanité ou à la sainteté, telles qu'elles s'incarnent en vous, que puisse s'appliquer les noms de vérité absolue ou vulgaire, de profanité ou de sainteté ; ce ne sont pas la vérité absolue ou vulgaire, la profanité ou la sainteté, qui puissent s'appliquer en tant que noms à l'homme que vous êtes. Tenez-vous-y, adeptes, pour agir ; mais ne leur appliquez plus de noms ! C'est là ce que j'appelle l' « idée mystérieuse ».
c.
« Ma manière d'énoncer la Loi diffère de celle des gens du monde entier. Dussent un Mañjuçri ou un Samantabhadra apparaître devant moi, chacun manifestant son Corps pour me poser des questions sur la Loi, qu'aussitôt je les aurais diagnostiqués. Me voici là tranquillement assis : s'il vient encore des adeptes pour me voir, je les diagnostiquerai tous. Et pourquoi cela ? Simplement parce que mon point de vue est autre, et qu'à l'extérieur je ne tiens pas compte des différences entre profanes et saints, ni à l'intérieur ne m'attache au (prétendu) fondamental. Je vais au fond des choses, sans doute et sans erreur. »

13.

a.
Lors d'une instruction collective, le maître dit :
« Adeptes, il n'y a pas de travail dans le bouddhisme. Le tout est de se tenir dans l'ordinaire, et sans affaires : chier et pisser, se vêtir et manger.
« Quand vient la fatigue, je dors ;

Le sot se rit de moi, le sage me connaît. »

Un ancien l'a dit :
« Pour faire un travail extérieur,
Il n'y a que les imbéciles. »

Soyez votre propre maître où que vous soyez, et « sur-le-champ vous serez vrais ». Les objets qui viennent à vous ne pourront vous détourner. Il n'est pas jusqu'à vos imprégnations antérieures, et aux cinq péchés entraînant damnation immédiate, qui ne vous deviennent alors océan de délivrance. Mais les apprentis actuels ne connaissent pas du tout la Loi. Tels les moutons qui ingurgitent tout ce que touche leur mufle, ils ne distinguent pas l'esclave du seigneur, ni ne différencient l'invité de l'hôte.

Cette engeance-là, si elle entre en religion, c'est d'un esprit pervers : elle entre là où l'on mène bonne vie. On ne saurait les appeler des hommes vraiment sortis de la famille : ils sont en vérité des hommes de famille, de vrais laïcs. Car un homme sorti de la famille doit connaître les vues justes ordinaires ; il doit savoir discerner le Buddha de Mâra, le vrai du faux, le profane du saint. Seul est vraiment sorti de la famille celui qui possède ce discernement. S'il ne discerne pas le Buddha de Mâra, en vérité il ne fait que sortir d'une famille pour entrer dans une autre. Ces gens-là, on les appelle des êtres fabricateurs d'actes. C'est à croire qu'il y ait aujourd'hui une sorte de substance indifférenciée qui s'appellerait Buddha-Mâra. Dans un mélange d'eau et de lait, la reine des oies, dit-on, sait prendre le lait. Mais, pour l'adepte à l'oeil clair, Mâra et Buddha sont tous deux à battre.

« Si vous aimez la sainteté en détestant la profanité,
Vous flotterez et coulerez dans l'océan des naissances et les morts. »

b. - On demanda :
« Qu'est-ce que Buddha et Mâra ? »

Le maître dit :

« Une seule pensée de doute en vous, c'est Mâra. Si vous parvenez à comprendre que les dix mille choses sont sans naissance, que toute pensée est pareille à une fantasmagorie, et qu'il n'y ait plus pour vous un seul grain de poussière ni une seule chose : cette pureté intégrale, c'est Buddha. Mais, dira-t-on, Buddha et Mâra relèvent de deux domaines différents, l'un souillé, l'autre pur. A mon point de vue, il n'en reste pas moins vrai qu'il n'y a ni Buddha ni être vivant, ni passé ni présent. Ce qui est à obtenir, on l'obtient sans passer de temps, sans qu'il faille ni cultiver des pratiques ni en éprouver les fruits, sans qu'il y ait d'obtention ni de pertes. En tout temps, il n'y a jamais eu à rien d'autre ; et « s'il y a quelque chose de plus, je la déclare pareille au rêve, pareille à une métamorphose ». Voilà tout ce que j'ai à dire, moi le moine de montagne !
c. - « Adeptes, chacun d'entre vous qui êtes là à m'écouter, maintenant même, tous bien distincts devant mes yeux, lumières solitaires, ce sont ces hommes-ci qui en tout lieu sont exempts de toute obstruction, qui compénètrent les dix orients et qui, dans le Triple Monde, sont souverainement libres. Ils accèdent à toutes les différenciations des objets extérieurs sans se laisser détourner par eux ; et, dans le temps d'un instant, ils vont au fond de tout le plan des choses.

S'ils rencontrent un Buddha, ils parlent Buddha ; s'ils rencontrent un patriarche, ils parlent patriarche ; s'ils rencontrent un Arhat, ils parlent Arhat ; s'ils rencontrent un Preta, ils parlent Preta. Partout ils parcourent les royaumes, enseignant et convertissant les êtres, sans jamais s'en écarter une seule pensée. Où qu'ils soient ils sont purs, et leur radiance va jusqu'au fond des dix orients ; mais les dix mille choses ne sont pour eux qu'identité unique.

d. - « De nos jours, adeptes, il faut être un grand homme pour savoir qu'il n'y a fondamentalement pas d'affaires. C'est seulement parce que vous n'avez pas assez de confiance, que de pensée en pensée vous courez à la recherche, cherchant votre tête dont vous vous êtes défaits, incapables de vous arrêter : tels ces Bodhisattva complets et subits qui, eux-mêmes, lorsqu'ils manifestent leur corps dans le plan des choses, s'oriente vers les Terres pures par dégoût de la profanité et amour de la sainteté. Ils n'ont pas encore oublié la distinction entre appropriation et renoncement ; pour eux subsistent les notions de souillure et de pureté. Mais il n'en est point ainsi selon les vues de l'école du Tch'an : pour elle, tout est immédiatement présent, et il n'y a plus de temps. Tout ce que je vous dis n'est destiné qu'au traitement momentané de la maladie par le médicament, qui se conditionnent l'un l'autre ; il n'y a là absolument rien de réel. Si l'on sait voir les choses ainsi, on est un vrai religieux sorti de la famille, digne de consommer pour dix mille onces d'or jaune par jour.

e. - « Adeptes, ne vous laissez pas démolir la face à l'étourdie par le sceau d'un de ses vieux maîtres qui disent:
« Je comprends le Tch'an, je comprends la Voie », et qui se livrent à des discussions intarissables comme cascades. Tout cela relève de l'acte, fabricateur d'enfer. Si l'on est un vrai apprenti de la Voie, on ne recherche pas les torts du monde. Ce qu'il faut rechercher instamment, c'est la vue juste. C'est seulement si l'on parvient à la clarté parfaite de la vue juste, que tout se parachève. »

14.
a. - On demanda :
« Qu'est-ce que la vue juste ? »

Le maître dit :
« Tâchez seulement, lorsque vous accédez tant à la profanité qu'à la sainteté, à la souillure qu'à la pureté, aux domaines de tous les Buddha, au pavillon de Maitreya comme au plan des choses de Vairocana, de voir que toutes choses, fût-ce même les domaines de Buddha qui se manifestent en tous lieux, sont sujets à formation, durée, destruction et vide. Si un Buddha apparaît dans le monde, puis fait tourner la grande roue de la Loi, puis entre en Nirvâna, ne voyez là aucune marque d'aller ni de venir ; si vous cherchez en lui la naissance et la mort vous ne le trouverez jamais. Et même si vous accédez au plan des choses qui sont sans naissance et que, parcourant tous les royaumes de Buddha, vous accédiez à l'univers de l'Embryon de Fleur, sachez que tout cela porte la marque du vide et n'a aucune réalité. Seul existe réellement le religieux sans appui, qui est là à écouter la Loi. Il est la mère de tous les Buddha, et en ce sens les Buddha naissent du sans-appui. Pour qui comprend le sans-appui, l'état de Buddha n'est pas à obtenir. Réussir à voir les choses ainsi, c'est cela la vue juste.

b. - « Ne réalisant pas cela, les apprentis s'attachent au mots et aux phrases ; ils se laissent obstruer par les mots de « profane » et de « saint », ce qui fait écran et empêche leur oeil de Voie d'y voir clair. Par exemple, le Dodécuple Enseignement ni que discours de surface ; mais les apprentis, qui ne s'en rendent pas compte, se livrent à des interprétations sur ces mots et ses phrases, expressions de surface. Tout cela est appui et dépendance ; on tombe ainsi dans les causes et les effets, et l'on n'évite pas les naissances et les morts dans le Triple Monde. Si vous voulez être libres de revêtir ou d'enlever (comme des habits) les naissances et les morts, le départ ou l'arrêt, sachez vous en tenir à l'homme qui est là à écouter la Loi, cet homme sans forme ni marque, sans racine ni tronc, sans demeure déterminée, tout vif comme le poisson qui saute dans l'eau, lui dont l'activité ne se fixe nulle part au milieu de toutes ces superimpositions. C'est ainsi que « plus on cherche, et plus on est loin ; toute recherche va enfin contraire ». C'est là ce que j'appelle un secret. »

c. - « Ne vous fiez pas, adeptes, à ce compagnon (votre corps) qui n'est que rêve et fantasmagorie. Il finira, plus ou moins tard, par faire retour à l'impermanence. Que cherchez-vous donc en ce monde pour faire votre délivrance ? Tout ce qu'il faut chercher, c'est une bouchée de grain à manger, ou à raccommoder votre froc de poil pour passer le temps ; et s'il vous faut rendre visite à des amis, que ce ne soit point pour en tirer plaisir à la dérive. Le temps est précieux ; de pensée en pensée, tout est impermanence. Sur le plan grossier, vous êtes pressés par les quatre éléments du corps physique : terre, eau, feu, vent ; sur le plan subtil, par les quatre marques de toute existence composée : naissance, durée, modification, extinction. Sachez donc adopter, adeptes, quatre sortes d'objets qui soient sans marques, afin d'éviter d'être culbuté par les objets ! »

d. - On demanda :
« Quelles sont les quatre sortes d'objets sans marques particulières ? »

Le maître dit :
« Quand vous avez une pensée de doute, c'est que vous êtes obstrués par la terre;
quand vous avez une pensée d'amour, c'est que vous êtes submergés par l'eau ;
quand vous avez une pensée de colère, ce que vous êtes brûlés par le feu ;
quand vous avez une pensée de joie, c'est que vous êtes emportés par le vent.

Si vous êtes capables de reconnaître cela, vous ne serez plus actionnés par les objets, mais c'est vous qui partout vous servirez des objets : surgissant à l'est et vous enfonçant à l'ouest, surgissant au sud et vous enfonçant au nord, surgissant au centre et vous enfonçant sur les côtés ; marchant sur l'eau comme sur la terre, marchant sur la terre comme sur l'eau. Et comment cela ? Parce que vous aurez compris que les quatre grands éléments sont comme un rêve, comme fantasmagorie.

Adeptes, ce qui est là maintenant à écouter la Loi, ce ne sont pas vos quatre grands éléments, car vous êtes capables de vous servir de ces quatre grands éléments. Sachez voir les choses ainsi, et vous serez alors libres de vos mouvements. A mon point de vue, il ne faut se laisser rebuter par rien.

Vous aimez la sainteté ? La sainteté n'est que le mot « sainteté ». Il y a certains apprentis qui vont au mont des Cinq Terrasses pour y chercher Mañjuçri. Ils se trompent bien ! Il n'y a pas de Mañjuçri au mont des Cinq Terrasses. Voulez-vous connaître Mañjuçri ? C'est tout simplement vous-mêmes, tels que vous êtes là devant mes yeux, pour peu que votre activité soit indifférenciée du commencement à la fin et que vous soyez partout exempts de doute : c'est là le vrai Mañjuçri vivant. La radiance imparticularisée de votre esprit en chacune de vos pensées, voilà partout et toujours le vrai Samantabhadra. Et le recueillement d'Avalokiteçvara, c'est votre propre esprit en tant qu'il est capable, en chacune de ses pensées, de se défaire de ses liens et de se libérer point par point. Entre ces trois (Bodhisattva et ce qu'ils représentent en vous-mêmes), il y a corrélation mutuelle comme entre maître et compagnons : lorsque l'un apparaît, les autres apparaissent en même temps ; un c'est les trois, les trois sont un. C'est seulement lorsqu'on sait l'interpréter ainsi que l'on est bon à lire l'Enseignement. »

15.
a. - Lors d'une instruction collective, le maître dit :
« Ce qu'il faut aux apprentis actuels, c'est avoir confiance en eux-mêmes. Gardez-vous de chercher au dehors de vous-mêmes : vous tomberiez toujours dans le piège des objets, qui sont vaines poussières, et vous seriez en toutes choses incapables de discerner le mal du bien. S'il y a, par exemple, des « Buddha » ou des « patriarches », ce n'est que dans les vestiges de l'Enseignement. Ils se trouvent des gens pour ramasser quelque phrase mi-cachée et mi-évidente, d'où naissent en eux des doutes ; ils en restent troublés, regardant le ciel et la terre, et ils vont, tout confus, s'informer auprès d'autres.

Mais un grand homme se garde de disserter du souverain et des bandits, du pour et du contre, de la beauté et de la richesse ; il ne passe point ses jours en de tels débats et vains propos. En ce qui me concerne, pour peu que quelqu'un vienne à moi, qu'il s'agisse d'un moine ou d'un laïc, je le reconnais à fond et, d'où qu'il vienne, je vois qu'il n'y a en lui que phonèmes, noms et phrases, autant de rêves et de fantasmagories. Mais je vois en lui l'homme qui peut maîtriser les objets et en tirer parti, ce qui est l' « idée mystérieuse » des Buddha. Cet objet qu' est le Buddha ne saurait dire de lui-même : « J de e suis l'objet Buddha ». C'est encore et toujours ce religieux sans appui qui tire parti d'un tel objet. S'il sort quelqu'un qui me demande où chercher le Buddha, je lui réponds que c'est un objet de pureté ; s'il me questionne sur les bodhisattva, je réponds qu'ils sont des objets de compassion ; s'il m'interroge sur la Bodhi, je réponds qu'elle est un objet de pure merveille ; s'il me questionne sur le Nirvâna, je réponds que c'est un objet d'apaisement. Les objets diffèrent de dix mille façons ; mais l'homme ne diffère point. C'est pourquoi « il actualise des formes en réponse aux êtres, comme la lune dans l'eau ».

b. - « Adeptes, voulez-vous être capables de vous montrer conforme à la Loi ? Il faut pour cela, en vérité, être un grand homme ! La faiblesse et la complaisance en rendent incapable. On est alors comme un vase fêlé, inapte à conserver la crème. Pour être comme un grand vase, il ne faut jamais se laisser tromper par les gens ; il faut partout être son propre maître ; il faut être vrai où que l'on soit.

Tout ce qui vient du dehors, ne le subissez pas ! Car une seule pensée de doute, c'est Mâra qui entre dans votre coeur. « Le doute, pour un Bodhisattva, c'est la chance de Mâra » des naissances et des morts. Sachez seulement mettre vos pensées au repos, et le plus chercher au dehors ; quand les choses viennent à vous, mirez-les. Faites seulement confiance à celui qui agit en vous actuellement, et vous serez sans affaires.

Si votre esprit, une seule pensée, donne naissance au Triple Monde, il se fragmente en six poussières, du fait des objets et des conditions. Qu'est-ce qui vous manque en votre activité actuelle ? Dans l'espace d'un instant, vous pouvez accéder au pur ou à l'impur, au pavillon de Maitreya, aux royaumes des Trois Yeux : mais, en vagabondant ainsi en tous lieux, n'y voyez que des noms vides. »

c. - On demanda :
« Qu'est-ce que les royaumes des Trois Yeux ? »

Le maître dit :
« J'entre avec vous au royaume de la pure transcendance ; nous y revêtons le vêtement de la pureté ; on parle alors du Buddha en son Corps de Loi. Ou encore, nous entrons au royaume de l'imparticularisé ; on parle alors du Buddha en son Corps de Rétribution. Ou encore, nous entrons au royaume de la délivrance, nous y revêtons le vêtement de radiance ; on parle alors du Buddha en son Corps de Métamorphose. Ces royaumes des Trois Yeux ne sont que les transformations de dépendance. D'après les Textes et les auteurs de Traités, le Corps de Loi est de fondement, les deux Corps de Rétribution et de Métamorphose sont d'emploi ; à mon point de vue, le Corps de Loi ne sait pas énoncer la Loi. C'est pourquoi les anciens ont dit que « Les Corps ne diffèrent qu'en dépendance du sens qu'on leur attache ; les Terres n'existent que du point de vue de leur substance ». Il est clair que les Corps, qui sont essence des choses, et les Terres, qui sont essence des choses, n'existent en temps que Corps et Terres que comme des choses instituées : Terres dépendant des super-savoirs, « feuilles jaunes dans le poing vide pour leurrer les petits enfants », piquants de chausse-trapes, épines de châtaignes d'eau. Quelle sève allez-vous chercher dans ces os desséchés ? Il n'y a rien hors de l'esprit ; rien non plus à trouver dans l'esprit. Que cherchez-vous donc ?

16.
a. - « Vous dites de toutes parts qu'il y a des pratiques à cultiver, des fruits à éprouver. Ne vous y trompez pas ! S'il y a quelque chose à obtenir par la culture, tout cela relève de l'acte, qui fait naître et mourir. Vous dites que vous cultivez toutes ensemble les dix milles pratiques des Six Perfections : je ne vois là que fabrication d'actes. Chercher le Buddha, chercher la Loi : autant d'actes fabricateurs d'enfer : chercher le Bodhisattva, c'est aussi fabriquer de l'acte. Ou encore lire les Textes, lire l'Enseignement - fabrication d'actes. Les Buddha et les maîtres-patriarches sont gens sans affaires ; et c'est pourquoi ce qui est corrompu et composé, aussi bien que l'incorrompu et l'incomposé, tout cela devient pour eux acte purifié. »

b.- « Il y a certains chauves aveugles qui, après avoir mangé leur plein de grain, s'assoient en Dhyâna pour se livrer à des pratiques contemplatives. Ils se saisissent de toute impureté de pensée pour l'empêcher de se produire ; ils recherchent la quiétude par dégoût du bruit. Ce sont là procédés hérétiques. Un maître-patriarche l'a dit : « Fixer l'esprit pour regarder la quiétude, le relever pour mirer l'extérieur, le recueillir pour sa décantation, le figer pour entrer en concentration » - tout cela n'est que fabrication d'actes. Quant à vous, vous ces hommes qui êtes là à écouter la Loi, comment pourriez-vous vouloir vous cultiver et faire ainsi en sorte d'éprouver les fruits de la culture ? Pourquoi vouloir vous orner ? Vous n'êtes pas des êtres à cultiver, ni qui puissent être ornés ; ou alors, c'est que tous les êtres peuvent être ornés. Ne vous y trompez donc pas ! »

c. - « Adeptes, vous prenez (pour bon argent) les paroles de cette espèce de vieux maîtres, et vous dites que c'est là la vraie Voie, que ce sont là des amis de bien admirables : « Ce n'est pas à moi, avec mon esprit de profane, d'oser sonder ni mesurer ces anciens ! ». Gnomes aveugles ! Voilà les vues auxquelles vous vous livrez pendant toute une vie, allant contre le témoignage de votre paire d'yeux. Et vous êtes là à trembler comme ânons sur la glace, les dents serrées par le froid.

« Ce n'est pas moi qui oserais dire du mal de ces amis de bien ! J'aurais trop peur de commettre un péché de bouche. »

Adeptes, il faut être un grand ami de bien pour oser dire du mal des Buddha et des patriarches, pour oser critiquer le monde, incriminer l'Enseignement des Trois Corbeilles et injurier les petits enfants qui viennent à vous, pour aller chercher l'homme soit en le prenant à rebours, soit en s'adaptant à lui. C'est ainsi que, depuis des douze ans, j'en cherche un qui ait des dispositions à l'acte, mais que je n'en ai pu trouver gros comme un grain de moutarde. Il semble qu'on n'ait affaire qu'à des maîtres de Tch'an pareils à de nouvelles mariées et qui n'ont qu'une crainte, celle d'être chassés de leur monastère et de se voir privés du grain qu'on leur donne à manger, de leur sécurité et de leurs aises. Jamais, depuis l'Antiquité, l'on a cru aux pionniers d'avant-garde, et il a fallu qu'ils fussent délogés par d'autres pour que leur valeur fût reconnue. Celui qui est approuvé par tout le monde, à quoi est-il bon ? C'est ainsi qu'un rugissement du lion fait éclater la cervelle du chacal. »


Traduits du chinois par Paul Demiéville. Paris, Fayard, 1972 (édition épuisée)
Première partie (1-9 prédications) et début de la deuxième partie (10-16 instructions collectives), texte original sans l'accompagnement scientifique et les notes de Paul Demiéville.



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mercredi 20 mars 2013

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samedi 28 février 2009

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Le monde est un rêve

Comment transcender les rêves.


Comment être conscient pendant les rêves.
Technique I
par Osho Rajneesh - le livre des secrets


On m'a posé une question, "pourriez-vous nous expliquer quels sont les autres moyens qui pourraient nous aider à être conscients pendant que nous rêvons?"

Voilà une question importante pour tous ceux que la méditation intéresse. Parce que la méditation est, en réalité, la transcendance du processus du rêve. Nous rêvons continuellement – non seulement la nuit, non seulement quand nous sommes endormis. Nous rêvons toute la journée. Voilà ce qu'il faut d'abord comprendre. Nous rêvons même lorsque nous sommes éveillés.

Fermez les yeux à n'importe quel moment de la journée. Détendez-vous et vous verrez apparaître les rêves. Car ils ne disparaissent jamais. Ils sont simplement supprimés par nos activités quotidiennes. Comme les étoiles pendant la journée. Vous ne pouvez pas les voir, mais elles sont quand même là. Nous ne voyons pas uniquement parce que la lumière du jour nous en empêche.

Si vous descendez dans un puits profond, alors, vous pourrez voir les étoiles même pendant la journée. Il faut une certaine obscurité pour voir les étoiles. Mais elles sont toujours là. La nuit, vous les voyez facilement. Le jour, vous ne pouvez pas les voir parce que le soleil fait obstacle.

C'est également vrai avec les rêves. Vous ne rêvez pas uniquement lorsque vous êtes endormis. Mais vous percevez plus facilement les rêves pendant le sommeil, parce que, alors, les activités quotidiennes ne les obscurcissent plus. Vous pouvez donc voir et sentir cette activité intérieure. Quand vous vous levez, le matin, elle se poursuit en vous, et il en est de même toute la journée, pendant que vous vaquez à vos activités.

Asseyez-vous dans un fauteuil, fermez les yeux, détendez-vous, et brusquement, les rêves seront là. Les étoiles sont là, elles ne se sont pas envolées ailleurs. Les rêves sont toujours là. Leur activité est continuelle.

D'autre part, puisque les rêves se poursuivent tout le temps, on ne peut pas dire qu'on est totalement réveillé. On est simplement plus profondément endormi la nuit que le jour. La différence entre ce qu'on appelle l'éveil et le sommeil est relative.

Vous n'êtes pas vraiment éveillé puisque vous rêvez. Comme les rêves forment une sorte de pellicule sur la conscience, une sorte de fumée qui vous entoure, vous ne pouvez être vraiment réveillé que si vous ne rêvez pas. (…)

Ainsi, la nuit, vous êtes simplement un peu plus profondément endormi que le jour. Voilà ce qu'il faut essayer de comprendre. Qu'est-ce que cela signifie? Pourquoi Gurdjieff a-t-il dit, lui aussi, que "l'homme est en quelque sorte endormi?".

Vous ne savez pas qui vous êtes, vous ne vous en souvenez pas. Vous savez qui vous êtes? Si vous rencontriez une personne dans la rue, que vous lui demandiez qui elle est, et qu'elle ne puisse pas vous répondre, que penseriez-vous d'elle? Vous penserez soit que c'est un fou, soit que c'est un drogué, soit que cette personne est endormie. Sur la voie spirituelle, tout le monde est comme cela. On ne peut pas dire qui l'on est.

Voilà la première signification des paroles de Gurdjieff, Jésus ou Bouddha. Vous n'êtes pas conscient de vous-même. Vous ne vous connaissez pas. Vous ne vous êtes jamais rencontré. Vous connaissez beaucoup de choses dans le domaine de l'objet, mais vous ne savez rien de celui du sujet. Vous vivez comme on va au cinéma. Sur l'écran, le film passe et vous êtes tellement absorbé par le film, l'histoire, ce qui apparaît sur l'écran, que si quelqu'un vous demande qui vous êtes, vous ne trouvez rien à répondre.

Le rêve est un film –et seulement un film! C'est le reflet du monde dans le mental. Le monde se reflète dans le miroir mental. Voilà ce qu'est le rêve. Et vous êtes si profondément absorbé dans ce rêve, vous vous identifiez tellement à lui, que vous avez complètement oublié qui vous êtes. Vous êtes "endormi". Le rêveur est perdu dans son rêve. Vous voyez tout, à l'exception de vous-même; vous sentez tout, à l'exception de vous-même; vous connaissez tout, à l'exception de vous-même. Cette ignorance de soi, c'est le sommeil. Si le rêve ne cesse pas totalement, vous ne pouvez pas vous éveiller à vous-même. (…)

Ces rêves, ce sommeil profond dans lequel nous sommes plongés, comment peut-on le transcender? La question est très importante: "Quels sont les autres moyens qui pourraient nous aider à être conscient pendant que nous rêvons?". Je vais vous parler de deux autres méthodes. (…)

La première consiste à agir, à se comporter, comme si le monde tout entier n'était qu'un rêve. Quoi que vous fassiez, rappelez-vous que ce n'est qu'un rêve. Si vous mangez, pensez que c'est un rêve. Si vous marchez, pensez que c'est un rêve. Pensez continuellement, lorsque vous êtes éveillé, que tout n'est qu'un rêve. Pensez que le monde est maya, une illusion, un rêve, comme Shankara l'a dit.

Quand on a traduit Shankara en anglais, allemand, en français, on l'a pris pour un philosophe. Ce qui a créé de nombreux malentendus. En Occident, il y a des philosophes –Berkeley, par exemple– qui ont dit que le monde n'était qu'un rêve, qu'une projection de l'esprit. Mais ce sont des théories philosophiques. Berkeley l'a proposé comme une hypothèse.

Quand Shankara dit que le monde est un rêve, ce n'est pas une théorie philosophique. C'est une aide, c'est un soutien, pour un certain type de méditation. Si vous voulez prendre conscience que vos rêves, quand vous dormez, ne sont que des rêves, il faut commencer par penser que ce que, d'habitude, vous appelez la réalité, quand vous êtes éveillé, n'est qu'un rêve aussi. En ce moment, quand vous rêvez, vous croyez que c'est la réalité.

Et pourquoi pensez-vous que c'est la réalité? Parce que, pendant la journée, vous pensez que tout est réalité. C'est une attitude qui est fixée en vous. Vous avez pris un bain, pendant la journée: c'était réel. Vous avez mangé: c'était réel. Vous avez parlé à un ami: c'était réel. Toute la journée, toute la vie, quoi que vous fassiez, vous pensez que c'est réel. C'est une attitude fixée dans votre esprit.

Ainsi, quand vous rêvez, la nuit, cette attitude continue de fonctionner. Vous pensez que c'est réel. Alors, analysons d'abord cela. Il doit y avoir une ressemblance entre le rêve et la réalité, sinon, il vous serait difficile de garder cette attitude.

Je vous regarde, je vous vois. Puis je ferme les yeux, je m'enfonce dans le rêve, et je vous vois dans mon rêve. Dans ces deux façons de voir, il n'y a pas de différence. Quand je vous vois vraiment, que se passe-t-il? Votre image se reflète dans mes yeux. Je ne VOUS vois pas. Votre image se reflète dans mes yeux, puis elle passe par de mystérieuses transformations, que la science n'a pas encore définies exactement. L'image subit une transformation chimique, puis est véhiculée jusqu'à la tête. Mais la science n'est pas encore capable de dire exactement où, comment et quand, cette transformation se produit. Les yeux ne sont que des fenêtres. Je ne vous vois pas avec mes yeux, je vous vois par l'intermédiaire de mes yeux.

Votre image se reflète dans mes yeux. Vous pouvez n'être qu'une image, vous pouvez être la réalité, vous pouvez être un rêve. Le rêve est tridimensionnel. Une image, une photo, est à deux dimensions. C'est ainsi que je reconnais que c'est une image. Le rêve est tridimensionnel, aussi quand vous apparaissez dans mon rêve, vous êtes exactement comme vous êtes dans la réalité. Et les yeux ne peuvent pas faire la différence entre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. Il n'y a, pour eux, aucun moyen de juger de la différence. Les yeux ne sont pas juges.

Puis l'image est transformée en ondes chimiques. Ces ondes chimiques sont des ondes électriques qui atteignent un endroit, quelque part, dans la tête. On ne connaît toujours pas le point où les yeux entrent en contact avec la surface vue. Des ondes m'atteignent, puis elles sont décodées par les yeux. Puis mon esprit les décode à nouveau. C'est ainsi que cela se passe.

Je suis toujours à l'intérieur, et vous êtes toujours à l'extérieur. La rencontre est impossible. Alors, il m'est impossible de juger si vous êtes réel ou si vous n'êtes qu'un rêve. A cet instant même, je n'ai aucun moyen de juger si je suis en train de rêver ou si vous êtes réellement là.

Vous qui m'écoutez, comment pouvez-vous savoir si vous m'écoutez vraiment –si vous ne rêvez pas? Vous n'avez aucun moyen de le savoir. Ce n'est qu'une attitude adoptée: ce que vous voyez est réel –et cette attitude ne change pas pendant que vous dormez. Si bien que, lorsque vous rêvez, vous prenez vos rêves pour la réalité.

Essayez de faire le contraire. Voilà ce que dit Shankara. Pensez que le monde tout entier n'est qu'une illusion, que le monde tout entier est un rêve. Mais nous ne sommes pas très intelligents. Si Shankara dit que le monde n'est qu'un rêve, nous répondons alors, "si le monde n'est qu'un rêve, à quoi bon manger? Eh bien, ne mangez pas! Mais rappelez-vous que si vous avez faim, ce n'est qu'un rêve également. Ou bien mangez, et quand vous avez l'impression que vous avez trop mangé, rappelez-vous que ce n'est qu'un rêve.

Shankara ne dit pas qu'il faut transformer le rêve. Parce que l'effort déployé pour transformer le rêve est encore une fois faussement fondé sur la croyance que le rêve est réel. Sinon, il n'y aurait pas de raison de changer quoi que ce soit. Shankara dit simplement que tout ce qui arrive est un rêve.

Surtout, ne faites rien pour transformer le rêve. Rappelez-vous simplement que c'est un rêve. Essayez par exemple, pendant trois semaines de vous rappeler continuellement que tout ce que vous faites n'est qu'un rêve. Au début, ce sera très difficile. Vous retomberez sans cesse dans votre ancien mode de penser. Vous recommencerez à croire que c'est la réalité. Il faudra vous secouer tout le temps pour ne pas oublier que "c'est un rêve".

Si vous parvenez à pratiquer cette méthode pendant trois semaines, continuellement, alors, au bout de la quatrième ou de la cinquième semaine, à chaque fois que vous rêverez, vous vous souviendrez soudain que "c'est un rêve".

Voilà une manière de prendre conscience de vos rêves. Si vous parvenez à vous rappeler, la nuit, quand vous rêvez, que ce n'est qu'un rêve, alors, pendant la journée, vous n'aurez aucun effort à vous rappeler que c'est aussi un rêve. Vous saurez.

Au début, quand vous pratiquerez cet exercice, vous ferez semblant, sur la simple foi que "c'est un rêve". Mais quand vous pourrez vous rappeler pendant que vous rêvez que "c'est un rêve", cela deviendra une réalité. Et quand vous vous lèverez, vous n'aurez plus l'impression d'émerger du sommeil. Vous aurez l'impression de passer d'un rêve à un autre. Alors cela deviendra une réalité. Et quand les vingt-quatre heures de la journée ne seront plus qu'un rêve, quand vous le sentirez et quand vous vous en souviendrez, vous serez au centre de vous-même. Alors, votre conscience sera doublement aiguisée.

Si vous sentez vos rêves en tant que rêves, vous commencez à sentir le rêveur –le sujet. Si vous prenez les rêves pour la réalité, vous ne pouvez pas sentir le sujet. Si le film devient réalité vous vous oubliez. Quand le film s'arrête, et que vous comprenez que ce n'était pas la réalité, la votre surgit, existe brusquement. Vous sentez votre réalité.

C'est une des méthodes indiennes les plus anciennes. Mais quand nous insistons sur le fait que le monde est irréel, nous ne voulons pas dire que cette maison, par exemple, n'existe pas, et que vous pouvez passer à travers les murs. Quand nous disons que cette maison est "irréelle", c'est une manière de faire, un instrument, un truc. Ce n'est pas un argument philosophique pour nier l'existence de la maison.


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jeudi 26 février 2009

Published jeudi, février 26, 2009 by with 0 comment

Effacement de l'ego

Forcément parce qu’ils sont individuels, les reflets personnels divergent et contrarient les structures collectives…

Il n’y a pas de but à atteindre ou de chemin à suivre, car nous sommes déjà ce que nous cherchons. Il n'y a pas non plus de chercheur car il est l'ego qui est illusoire.

Ce travail sur soi transpersonnel, consiste à aller au-delà de la sphère psychologique dans laquelle l’individu a été limité, conditionné, normalisé et restreint. Ce travail intérieur est le trait d’union entre la psychologie et la spiritualité d’expérience, ces deux aspects de l’humain étant intimement mêlés.

L’égo malmené n’est pas forcément très coopératif… Seul un égo épanoui a des chances de s’éclipser devant la Conscience Universelle.

L'attitude de base est la connaissance de soi, la liberté intérieure dans l’ici et maintenant, l’effacement des attentes, la désidentification à l’égo et l’attention à la Conscience Pure.




Pistes à suivre:
  • Utiliser l’attention comme passerelle entre conscient et inconscient, afin de dissoudre l’inconscient et de libérer les énergies absorbées par nos comportements compulsifs ;
  • Éroder la mémoire émotionnelle négative originelle (tristesse, peur, colère) : se mettre au contact du sentiment puis l’investir totalement, car celui-ci s’installe dans la durée, alors que l’émotion est éphémère et impulsive. Se désidentifier des émotions par l’investigation consciente en laissant venir, car émouvoir signifie « faire sortir de » ;
  • Accueillir toute souffrance comme étant une occasion inestimable d’évolution ;
  • Comprendre que la Vie veut le mieux pour nous tous, à chaque instant, en adhérant au moment présent. Ne plus fuir dans le futur ou dans le passé, pour devenir un avec le moment présent ;
  • Lutter contre l’intérêt personnel : c’est le renoncement à l’idée de soi-même, c’est abandonner l’image d’une personne en devenir ;
  • Travailler sur la peur qui est le fondement de l’égo, la base de l’individualisation. La voir pleinement, permet de la comprendre jusqu’à ce qu’elle devienne un objet détaché, donc inoffensif ;
  • Identifier la peur de l’abandon, puis la peur de la mort sur laquelle se crée l’illusion d’existence : je suis ce que je génère ;
  • Harmoniser l’image que j’ai créée de moi, avec les fragments de moi-même que j’ai placé dans l’ombre, car ce que je projette sur mes perceptions est aussi fait de mes zones cachées et refoulées ;
  • Rassembler les paires d’opposées (attraction / répulsion, etc.). Apprendre à ne plus qualifier, ni juger ;
  • Pratique du lâcher-prise permanant. Comprendre l’acceptation, la disponibilité intérieure, l’abandon, en cassant les comportements compulsifs de résistance ;
  • Neutraliser les origines des traces négatives, d’où sont issues les attentes et les opinons limitantes en réparant les blessures du passé (rejet, abandon, humiliation, trahison, injustice). Dissoudre alors ses croyances négatives ou les changer en croyances positives ;
  • Observer ses attentes, ses intentions, ses comportements, ses états intérieurs et rester en contact avec, mais sans identification. Mise en place de « l’observateur intérieur » afin de se comprendre soi-même à travers ses mécanismes ;
  • Anéantir ses désirs par leur transmutation ;
  • Se débarrasser des étiquettes du connu, des idéaux, se libérer de ses conditionnements familiaux ou sociaux, car comprendre c’est ne pas savoir ;
  • Comprendre l’incomplétude supposée et le besoin de complétude : manques et recherche (amour, reconnaissance, sécurité) ;
  • Transformer ses attachements en non-attachement ;
  • Ressentir la présence corporelle et l’énergie universelle, en utilisant son ressenti comme une ressource ;
  • Pratiquer des techniques de relaxation dynamique : pranayama, respiration consciente, gymnastique consciente… ;
  • Combattre l’intérêt personnel en renonçant à la prétention « d’être quelqu’un » ;
  • Travailler sur l’attention, la concentration, l’écoute intérieure de la Présence et du silence. Ressentir la toile de fond, ou l’arrière plan du « témoin neutre » en nous. Apprendre à diriger son attention en un, ou même plusieurs faisceaux perceptifs ;
  • Apprendre à s’aimer soi-même, à s’accepter totalement pour pouvoir aimer les autres ;
  • Apprendre à avoir confiance en la Vie et apprendre à se connaître ;
  • Apprendre à ne plus faire d’effort (le faiseur d’effort en nous est la volonté) ;
  • Pratiquer l’investigation du « sens du JE » : si je peux me regarder penser, c’est que je vais au-delà du mental : alors qui suis-je ?
  • Travailler sur les états du moi : devenir le chef d’orchestre de nos voix intérieures ;
  • Pratiquer la voie du cœur : apprendre à aimer, installer un sentiment d’abnégation, se rendre disponible pour autrui, le sens du service et l’action désintéressée. Cultiver le goût des autres par la compassion, le recueillement intérieur et l’écoute de son prochain : l’écoute est inconnaissance ;
  • Travailler sur la discrimination des intentions, la non qualification de ses perceptions, car c’est en devenant conscient de nos perceptions, que nous nous situons automatiquement au-delà ;
  • Sécuriser, explorer son corps et sa conscience corporelle. Travailler le lâcher-prise corporel. Pratiquer la saturation des sens et de la conscience par des approches non mentales ;
  • Unifier les polarités masculine et féminine par le renforcement de la présence à soi-même. Fusionner l’énergie de ces deux principes dans une dimension sacrée, au-delà des blocages personnels et des traumatismes des âmes collectives de chacune des polarités ;
  • Transcender les 7 sens pour se comprendre en tant qu’illusion (les 5 sens, plus le sens d’identification au corps et le sens d’identification au mental) ;
  • Désirer le bien absolu pour soi et les autres : comprendre les lois universelles d’évolution, d’amour, de retours d’intentions ;
  • Rechercher l’union avec l’environnement, la nature, pour faire s’écrouler le rempart entre le corps et l’esprit ;
  • Comprendre ce qu’est notre volonté et apprendre à vivre sans attentes en observant nos motivations ;
  • Appréhender la notion de causalité et admettre que seule l’identification à nos réactions est responsable de ce qui nous arrive. Commencer ainsi à agir pour ne plus réagir, car nous créons la croix du destin que nous portons ensuite ;
  • Admettre notre impuissance devant les circonstances et accepter la sécurité dans l’insécurité ;
  • Apprendre à investir le néant pour y appréhender la pleine dimension de la Conscience ;
  • Utiliser toutes ses activités quotidiennes pour devenir de plus en plus conscient, grâce à l’attention active ;
  • Faire son devoir en toutes circonstances, assumer ses responsabilités et agir en paix sans jamais rechercher les fruits de l’action. Comprendre que le moindre mouvement du « moi » est déjà une forme de violence… Respecter scrupuleusement toutes les lois de son pays ;
  • Comprendre que toute chose est la manifestation du Divin à travers l’expression de Sa joie.

Le but de l’existence en nous, c’est que nous puissions émettre de l’Amour inconditionnel, tout simplement parce que nous sommes la Vie. Et la Vie se manifeste par l’expression de la joie de la Conscience Universelle. Exister, c’est veiller son existence, c’est être dans la vigilance de la présence, tournée vers son intériorité plutôt qu’en surface, simple question d’intention et d’attention !

Or la plupart des individus n’existent pas vraiment : ils croient vivre. Mais ils vivent dans « le devenir », dans leurs attentes du « devenir ». L’individu se rend malheureux lui-même en n’acceptant pas « ce qui EST », en projetant ses attentes sur ce qui est, en utilisant sa volonté pour tenter des satisfaire ses attentes. Et il se crée une identité factice, celle qui colle sur la mémoire les étiquettes mentales des réactions émotionnelles, des croyances et des conditionnements. Notre vraie liberté nécessite d’abord de ne plus vouloir que l’autre se plie à nos attentes.

Renoncer à la souffrance, c’est donc renoncer à la volition, car celle-ci est basée sur la peur, elle-même issue de l’illusion de la séparation. L’ignorance est une erreur d’identité, le « moi » étant dans l’illusion d’être une entité séparée. C’est le péché originel, à la base de tous les désordres, de tous les conflits individuels ou collectifs… En fait, nous sommes la Conscience Universelle qui s’exprime dans une forme physique particulière et sur laquelle nos réactions sont projetées. L’erreur est de croire que nous sommes nos réactions, alors que nous sommes cet océan infini de Conscience et d’Amour.

La volonté individuelle est une prison, un rempart de fausse sécurité qui prive celui qui l’érige de sa dimension Universelle. L’individu s’est construit par besoin sécuritaire et pour survivre au manque d’amour qu’il a ressenti au moment de son incarnation. Dans le processus parfait qui nous engendre, ces stratégies de développement individuel n’ont de sens que dans l’éclosion de la diversité. C’est-à-dire dans le fait que chaque individu développe des caractéristiques propres en transcendant ses limites. Ainsi, le tableau Divin exprime la diversité dans l’unité. Nous sommes de la même pâte, de la même texture de gouache, mais nous développons chacun un pigment spécifique qui fait la diversité de la peinture Divine.

Quand notre soif de l’absolu s’amplifie au-delà du désir, nous pouvons alors terrasser notre peur de mourir, et anéantir sous la lumière sacrée de la Conscience Infinie, la racine de l’ego devenue offrande sacrificielle de notre illusoire existence. La réalité Divine s’offre à nous dans la beauté infinie de l’amour spontané, dès que nous pouvons appréhender nos perceptions sans les qualifier, sans vouloir les posséder ni les utiliser, sans les colorer par l’égoïsme de nos intentions cachées, dans un regard enfin vierge de tout intérêt individuel. Si je peux m’observer percevoir, alors qui-suis-je ? Et comment ne plus résister à rien, comment s’abandonner à ce qui est, comment s’offrir à l’Universel, comment « faire disparaitre » le chercheur ? Tout simplement en étant Ce Regard, sans personne pour regarder.

On ne peut rien posséder, car au bout du compte il n’y a personne pour posséder quoi que ce soit…

Libérer l’individu, c'est apprendre à vivre sans besoins psychologiques, par l’effacement de la revendication individuelle et l’acceptation de ce qui EST, car nous sommes ce que l’on cherche…
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mercredi 25 février 2009

Published mercredi, février 25, 2009 by with 0 comment

Se comprendre pour se vivre

Cette réflexion, fruit d’une compréhension, mène au lâcher-prise des notions de recherche et de spiritualité. Il n’est pas question d’une théorie de plus, mais plutôt d’une démarche individuelle visant à sortir de nos croyances par l’intelligence et la réflexion.

Se comprendre pour se vivre signifie : comprendre ce que nous ne sommes pas pour vivre ce que nous sommes.

Pour plusieurs raisons, il est impossible de décrire ce que nous sommes :

Tout d’abord, parce qu’il s’agit d’une sensation de soi toute personnelle.

Ensuite, si nous pouvions définir ce que nous sommes, cela signifierait que nous en aurions déjà connaissance. Au cours de cette présentation nous comprendrons que le savoir nous relie irrémédiablement au passé, ce qui, par conséquent, nous empêche de vivre notre monde avec un regard constamment neuf.

S’il était possible de définir ce que nous sommes vraiment, le désir ou la volonté d’atteindre cet état spécifique, relèverait d’une croyance qui nous demanderait d’adopter des comportements préétablis. Cette définition étoufferait d’emblée la sensation de soi. Pour ces raisons il est évident que toutes les méthodes spirituelles, philosophiques et psychologiques mènent toujours à une définition ou à l’application d’un concept que l’on s’imposerait lorsqu’il s’agit de vivre la sensation de soi.

Nous entamerons la partie « se comprendre » pour se vivre, par une question simple que nous nous sommes probablement déjà posée :

Qu’est ce qui nous rend la vie parfois si pénible, qui nous fait entrer dans le conflit, dans la dépression, dans la maladie, dans la souffrance, dans la passion… ? Posée autrement cette même question peut nous sembler plus embarrassante, car elle vient toucher nos croyances de plein fouet : Qu’est ce qui nous pousse à courir après la paix, l’harmonie, la santé, le bonheur, l’amour inconditionnel… ?

Notre existence étant entièrement basée sur notre passé nous imaginons, en comparaison avec ce que nous connaissons du monde, un paradis terrestre ou un état intérieur parfait. Ces projections merveilleuses émanent d’une attente issue d’une comparaison entre ce que nous croyons être et ce que nous voudrions être. Par le désir d’autre chose que soi, nous entrons en conflit avec le monde intérieur et extérieur.

La comparaison, la séparation et le conflit naissent de nos croyances, c’est-à-dire de notre passé. Sur base de ce passé, nous nous sommes construit une identité à partir de laquelle nous inventons le monde constamment.

Lorsque nous sortons de la constatation de la globalité, nous sommes dans notre passé. J’entends par globalité, tout ce qui est, tout ce que nous sommes sans séparation entre l’intérieur et l’extérieur, entre soi et l’autre. Que je regarde le monde extérieur ou que je vive une sensation intérieure, je perçois toujours la même chose, c’est-à-dire ce que je suis.

Si nous ne vivons pas cette globalité, nous ne pouvons qu’interpréter le monde à partir de notre passé, en comparant tout ce qui compose l’extérieur et en nous séparant non seulement de nous-mêmes mais également des autres. Jusqu’à présent aucune théorie politique ou spirituelle n’a réussi à résoudre ce conflit fondamental entre soi et l’autre. Aucune doctrine ne nous invite réellement à vivre la globalité, car la spiritualité - tout comme la politique - repose sur des croyances fondatrices que sont la liberté, la fraternité, l’amour, la compassion…

Pour sortir de notre passé, synonyme de croyances, il est nécessaire de comprendre de quelle manière nous envisageons notre existence autour d’événements. Comment nous considérons ces événements à partir de notre passé tout en continuant à l’alimenter par nos interprétations.

Je nous suggère de lire les propos qui suivent à partir de notre intelligence et pas, comme nous avons tendance à le faire, à partir de nos concepts, ni en cherchant à savoir si les propos tenus correspondent ou non à nos croyances ou à ce que nous avons lu, entendu ou expérimenté précédemment. Soyons juste à l’écoute, sans interférences, et ressentons ce qui se passe en nous. Car comprendre sans interférer, c’est tout autre chose que juste acquiescer, comparer ou réfuter.

Qu’est ce que notre passé ? Comment influence-t-il l’idée que nous nous faisons du présent, et par conséquent du futur ? Comment le passé nous déconnecte-t-il de ce que nous sommes ?

Ce que nous sommes est globalité. Cette globalité ne fait plus de distinction entre l’intérieur et l’extérieur, entre le cœur, le corps et le mental, entre le profane et le sacré… Vivre cette globalité exclut toute intervention de notre passé.

Habituellement, nous interprétons le monde en créant une multitude d’événements à partir de pensées qui prennent leur source dans ce que nous avons emmagasiné comme connaissances, nous appartenant ou non, ce qui revient en définitive à la même chose. Nous comparons ce que nous percevons avec notre passé, c’est-à-dire avec l’accumulation de tout ce que nous avons comparé et retenu d’événements précédents. En d’autres termes, sur la base d’événements passés, nous créons de nouveaux événements qui nous remplissent de nouvelles croyances ou du moins renforcent les anciennes.

Les événements de nos existences ne sont en définitive qu’une interprétation résultant de notre passé. Ainsi, créer un événement, c’est ajouter quelque chose à la réalité. A ce moment, nous sortons de notre globalité pour entrer dans l’illusion.

Par exemple, devant un paysage notre première réaction est généralement d’interpréter ce que nous voyons ; ce qui nous empêche de le vivre. Nos premières réactions sont souvent : c’est beau, c’est laid, ce lieu s’appelle ainsi, je connais, je l’ai déjà vu… Dès lors, percevons-nous ce paysage comme faisant partie de notre globalité ou faisons-nous l’expérience du concept « beau », c’est-à-dire de la comparaison de ce que nous voyons avec les souvenirs que nous avons emmagasinés ? Ne sommes-nous pas simplement dans notre pensée qui catalogue la réalité en fonction du beau et du laid, du moyennement beau et du très laid ? Ainsi, comparer un paysage à un autre, un humain à un autre, un animal à un autre, un végétal à un autre… nous pousse constamment dans le déni de notre globalité.

Nous qualifions un événement en nous basant sur notre passé qui donne naissance à la pensée conflictuelle qui nous entraine dans des combats incessants avec ce que nous sommes.

Pour expliquer l’idée de la pensée conflictuelle, arrêtons-nous un instant à ce que nous appelons la guerre, qui n’est que l’expression la plus meurtrière du conflit, pour nous rendre compte qu’elle n’est qu’une question de dualité et d’identité, c’est-à-dire d’idéaux, de croyances, de justifications, d’interprétations…

La guerre est uniquement le reflet de nos conflits intérieurs. Elle se manifeste dans tous nos comportements et pas uniquement avec des armes lourdes, mais avec des mots, des gestes, des regards, des concepts, des croyances. La guerre est un conflit entre deux croyances, entre deux interprétations, entre deux appartenances politiques ou religieuses qui nous font considérer l’autre comme différent de soi.

Nous nous identifions en tant qu’homme ou femme, blanc ou noir, grand ou petit, généreux ou égoïste, adepte d’une religion, d’un parti politique, victime d’une situation, comme étant dans la vérité et sous la protection de dieu ou par une nationalité… Le simple fait de se définir crée déjà une séparation, un conflit, c’est-à-dire un événement.

Si un jour, notre voisin d’en face nous adresse une parole estimée diffamatoire, donc qui agresse une de nos croyances, nous entrons en conflit. Nous pourrions l’insulter, le frapper, le poursuivre en justice, voire sortir les armes. En restant obnubilé par les événements et leurs interprétations, nous entrons dans une guerre où le voisin de mon voisin d’en face, qui partagent des mêmes croyances, s’unissent contre moi et mon voisin d’à coté qui partageons d’autres croyances. Le conflit entrainant le conflit, la machine dévastatrice de la pensée conflictuelle est en marche.

Souvent nous arrêtons les conflits soit par manque de moyens humains ou matériels, soit en signant une paix qui n’est que le revers de la médaille de la guerre.

Dans ces deux cas, la situation reste inchangée. La paix n’arrête pas les conflits, elle les camouffle simplement. Avec la paix, la problématique conflictuelle est toujours bien présente, car nous n’avons pas reconnu nos croyances, c’est-à-dire notre identité. Ainsi la paix est un concept au même titre que la guerre.

Le fait que la paix et la guerre n’apportent aucune compréhension et donc aucun changement dans nos croyances soulève la question du comment en sortir ? Comment se vivre si nous ne pouvons pas prendre appui sur l’aspect positif de nos qualités ?

La manière d’aborder nos problèmes nous amène généralement dans une voie sans issue, que ce soit un conflit intérieur, révélé par exemple par un dégout de soi, ou un conflit extérieur, révélé par exemple par l’échec d’une relation amoureuse.

Nous tentons toujours de justifier nos actes. « Je le quitte parce qu’il m’a dit que j’étais égoïste, lorsque lui-même est macho », « Le fait qu’il soit venu avec son avocat m’a fait entrer dans une grosse colère et j’en ai tout de suite pris un aussi », « Je ne m’aime pas parce que je ne suis pas assez altruiste ou parce que mes fesses sont trop… ». Cette justification appelle à des réactions qui ne tiennent pas compte de la globalité de la situation. Il en va de même dans les guerres, entres adeptes de religions ou de politiques différentes. Sous prétexte d’obtenir réparation, nous justifions une vengeance, qui entrainera inévitablement un nouvel appel à la vengeance. Et bien souvent, au bout du compte, plus personne ne connait les raisons exactes du conflit, car la haine et la vengeance ont pris le dessus et suffisent pour justifier nos actes.

Dans toutes situations conflictuelles, ne serait-il pas plus simple de reconnaître nos émotions sans chercher à les justifier et donc à nous déresponsabiliser. Pour in fine, se rendre compte que la douleur d’une mère, d’un père, d’une sœur… est la même pour tous les êtres humains, que les belligérants vivent des souffrances identiques, même s’ils les justifient différemment à partir d’une futile identité religieuse ou politique. Dans le cas d’une séparation amoureuse, plutôt que d’entrer en conflit, ne serait-il pas plus simple de reconnaitre un sentiment de tristesse basé sur l’espérance déçue d’une vie heureuse, d’une peur de la solitude ?

Cette perspective qui nous invite à se vivre, est-elle empreinte d’amour, d’unité… ou simplement de ce que nous sommes, sans séparation identitaire avec l’autre ? Autrement dit, avons-nous besoin de contacter nos qualités ou aurions-nous simplement à prendre conscience de nos pensées, de nos émotions, de nos faits et gestes ?

Pour éviter de nous regarder sans détours et sans jugements, juste tels que nous sommes dans notre vie quotidienne, nous avons inventé « la spiritualité », « la recherche », « le retour à la source »…

Maintenant que nous avons effleuré la question générale des croyances, nous allons voir pourquoi les êtres engagés dans la spiritualité souffrent plus que les autres. En effet, ils ont beaucoup plus de croyances et donc plus de difficultés à les lâcher.

La spiritualité est un autre piège de la pensée. Elle vise seulement à expérimenter ce que nous ne sommes pas. Le monde de la spiritualité, religieuse ou new-age, est toujours lié à des concepts qui n’existent que parce que nous ne vivons pas ce que nous sommes et surtout, parce que nous comparons notre état actuel avec un état imaginaire de perfection ou de divin.

Au cours des siècles les dogmes spirituels n’ont pas changé. Ils se basent toujours sur les mêmes concepts et par conséquent, nous imposent des comportements similaires qui nous déconnectent de la globalité.

Dans la spiritualité, nous rencontrons fréquemment les mêmes termes : la source et les maîtres, le cœur et l’incarnation, la vie et le karma, le soi divin et l’amour, les énergies et les vibrations, la compassion et la paix intérieure, le bien et le mal, l’instant présent, les chakras…

Issus de notre pensée, tous ces concepts sont imaginaires et par conséquent inaccessibles. Dans ce texte, j’évoquerais trois concepts clés de la spiritualité : l’éveil, l’instant présent et l’amour. A eux seuls, ils peuvent expliquer pourquoi la spiritualité nous entraine dans une détresse.

L’éveil est l’objectif commun des chercheurs spirituels. Ce seul concept d’éveil suffit à dévaster nos existences en nous déconnectant de ce que nous sommes. L’idée véhiculée par la notion d’éveil instille la perspective d’un état de perfection, d’une ultime compréhension, de l’excellence de nos qualités. L’éveil serait cet état où notre part d’ombre disparaitrait complètement au profit de notre lumière intérieure. Le danger de cette croyance est qu’elle nous garde dans un conflit permanent avec ce que nous ressentons. Nos émotions sont des leviers de compréhension lorsqu’elles ne sont pas étouffées par la spiritualité, l’interprétation ou la justification.

A partir d’un ressenti considéré comme négatif, nous installons très rapidement une qualité considérée comme positive. Nous avons souvent tendance à camoufler une colère sous une apparence de joie ou d’amour inconditionnel. Pour y arriver nous pensons qu’un soin énergétique, une méditation ou une gymnastique orientale… peuvent nous aider. Cependant, après ces diverses pratiques, pouvons-nous constater qu’en dehors d’une apparence de bien-être que l’on attribue à la reconnexion avec notre identité spirituelle, rien n’a fondamentalement changé ? Ce jeu peut durer jusqu’au jour ou nous réalisons que nous sommes passés à coté de ce que nous sommes par la volonté d’atteindre un état prédéfinit.

En nous déviant de notre capacité de nous comprendre, la spiritualité nous entraine dans la culpabilité et l’attente. Elle impose une vérité : « prête à croire » qui, par définition, ne peut en aucun cas nous convenir. Si elle devait néanmoins nous convenir, c’est que nous aurions fait une croix sur notre liberté et notre intelligence.

Comme tous les dogmes religieux ou politiques, la spiritualité a la principale tare de nous empêcher de penser par nous-mêmes, par conséquent de vivre ce que nous sommes en laissant émerger nos sensations sans les penser, c’est-à-dire sans croyance, sans définition.

Il existe également le concept du vide qui précède l’éveil : le fameux saut dans le vide, le lâcher-prise absolu avant la rencontre avec notre essence divine. Ce que nous sommes n’est pourtant ni vide ni plein, ni rien ni tout. Comment expérimenter le vide sans connaître le tout ? Avec la notion du vide précédent l’éveil, n’inventons-nous pas un prétexte afin de ne pas affronter nos croyances par une compréhension personnelle qui pourrait nous bouleverser ? Nous camouflons la peur de ce bouleversement sous des prétextes comme : attendre le bon moment, une avancé spirituelle individuelle ou collective, un signe, un voyage initiatique…

Un autre aspect pernicieux de la spiritualité est celui de nous maintenir dans le temps. En insinuant l’existence de l’instant présent, elle nous fige dans la pensée. Pouvons-nous réellement vivre l’instant présent sans la notion de temps, de passé et de futur ? Cet instant présent n’est-il pas encore une fuite vers un état conceptuel auquel nous devrions constamment revenir par la pensée ?

Le concept spirituel le plus résistant, après l’existence de dieu ou d’une énergie créatrice, est celui de l’amour (voir Traité de soi, Perversité de l’amour). Mais cet amour, que nous sommes si nombreux à évoquer, peut-il vraiment être un concept ? Oui. Il suffit de penser à l’amour pour l’expérimenter. Il suffit de fuir une émotion de tristesse au profit de l’amour pour se sentir mieux. La pensée crée l’état, l’expérience. Si nous focalisons notre attention sur, par exemple, un mal de tête, quelques minutes suffisent pour effectivement le ressentir. Il en est de même si nous nous focalisons sur l’amour.

Cette expérience, issue de notre pensée, nous a-t-elle réellement transformés ? Evidemment non, car c’est simplement la non-reconnaissance d’une émotion ou d’une croyance qui nous fait nous réfugier dans le concept amour.

En plus des concepts d’éveil et d’instant présent, la spiritualité nous parle d’unité et de paix lorsqu’il suffit de comprendre – individuellement - les fondements de nos conflits avec l’autre. Elle nous parle d’énergies et de vibrations, de plans et de dimensions, d’anges et d’êtres de lumière, d’une terre mère et d’un père divin, de matière et d’éther, de protection et de bienveillance venues d’en-haut… Avec tous ces concepts, nous nous délions de ce que nous sommes lorsque nous ne savons pas ce qu’est vivre sans la séparation spirituelle du cœur, du corps et du mental.

Les théories et techniques spirituelles, nous apprennent à écouter un cœur, une source d’amour, à expérimenter une expansion de conscience, en étouffant un mental dont il faut absolument se séparer, car il serait notre principal obstacle… Nous empilons toutes ces idées spirituelles dans notre impossible quête. Lorsque nous sommes enfants nos parents nous narrent l’histoire merveilleuse du père Noël, et lorsque nous sommes grands nous continuons à croire en d’autres histoires racontées par des enseignants spirituels ou des éminences politiques.

Que nous reste-t-il si l’ensemble de la spiritualité est conceptuel ? Il reste soi, cette globalité qui ne nécessite, par évidence, aucune définition ni aucune histoire extraordinaire. Ce que nous sommes n’est accessible que par la compréhension de ce que nous ne somme pas et pour cela, toute la spiritualité qui ne fait que définir des concepts, ne peut pas nous aider.

Si la spiritualité est une grande illusion, comment sortir de la pensée conflictuelle ?

Paradoxalement par la pensée elle-même, car seule la pensée peut comprendre la pensée. Le mental ne connait pas la clef de notre libération, il en est la clé. Il ne s’agit pas de trouver une vérité absolue mais bien sa propre vérité. Une vérité qui correspond à ce que nous sommes et qui nous permet de comprendre comment nous fonctionnons par la pensée. Comprendre comment nos croyances provoquent des réactions, plutôt que des actions qui, elles, seraient l’expression libre de ce que nous sommes.

Il n’est donc pas question d’adopter de nouvelles propositions spirituelles qui viendraient remplacer ou renforcer une croyance existante. Il ne s’agit pas non plus de se comprendre à partir de nos croyances, car dans ce cas, nous partirions sur du connu (notre mémoire, notre passé, nos souvenirs, c’est-à-dire ce qui n’existe plus), ce qui nous empêcherait de voir l’évidence d’une compréhension qui nous ramène à soi.

Il est également impératif de sortir des techniques, des rituels et de la notion de chercheur qui n’ont pour seul objectif que d’expérimenter des concepts. Nous n’avons pas à trouver un état spécifique mais à vivre nos émotions même si elles peuvent sembler, au regard de notre conditionnement social ou spirituel, peu reluisantes, manquant de sagesse, de noblesse ou de divin…

Pour sortir de la pensée nous n’avons qu’à vivre nos émotions lorsqu’elles se présentent, sans les définir, sans fuir dans la justification ou l’interprétation de notre passé ou de nos présumées vies antérieures. Nous accusons les autres et les événements d’être la cause de nos souffrances, de nos déceptions… Ces accusations placent notre responsabilité à l’extérieur de nous (mon père m’a menti, ma grand-mère ne m’aime pas, je porte un secret familial trop lourd, mon mari me trompe, la société me manipule, la pluie me dérange, le chien du voisin m’énerve…).

Si se comprendre pour se vivre est une démarche qui semble simple, cela s’avère parfois difficile. En effet, lâcher nos croyances, qui sont le fondement de nos existences, est une expérience inédite que nous ne pouvons pas envisager aisément. En voici les raisons majeures :

- Nous avons pris l’habitude socialement et spirituellement de remplacer une croyance par une autre. Nous passons du communisme au fascisme ou du socialisme au libéralisme à partir de l’interprétation que nous nous faisons de la politique et en fonction de nos attentes extérieures. Il en va de même pour la spiritualité, nous passons d’un thérapeute à l’autre, d’une technique à l’autre, d’une promesse à l’autre parce que nous n’y trouvons pas ce que nous attendons. Comme en politique, la machine des nouveaux concepts est très lucrative car elle répond à une demande de bonheur qui viendrait de l’extérieur.

- Nous cherchons constamment à l’extérieur quelque chose que nous ne trouverons pas davantage à l’intérieur.

- Il n’est également pas aisé de concevoir que ce que nous sommes (notre globalité) ne peut être défini. Dès que nous croyons connaitre un état de conscience de soi, nous ne faisons que reconnaitre une croyance. Dès lors, nous cherchons par tous les moyens de retrouver cet état connu. Nous avons tellement l’habitude d’entreprendre une démarche pour obtenir un résultat, qu’envisager de se comprendre sans attente est inacceptable.

- Se comprendre passe souvent par une émotion dite négative comme une souffrance, un conflit. C’est au moment où nous tentons de fuir en remplaçant une émotion par une autre, que nous devons être le plus vigilants afin de ne pas chercher une solution plutôt que de vivre ce qui se passe en nous.

- La réflexion qui mène à la compréhension passe inévitablement par le mental. Le mental ou l’égo sont souvent mal considérés dans la spiritualité. Donnant la préférence aux expériences vécues à partir du cœur, notre tête serait un obstacle.

- Nous sommes constamment à la recherche d’autre chose que soi. Cette attente qui nous pousse vers l’extérieur est très répandue, autant dans la spiritualité que dans la vie sociale. Nous cherchons souvent une satisfaction immédiate censée nous soulager de nos émotions dérangeantes. En nous occupant des autres, en lisant des récits fabuleux, en priant ou en méditant nous faisons, plus au moins inconsciemment, l’impasse sur nos souffrances. Nous espérons changer les autres, la société et le monde afin qu’ils correspondent à notre croyance en un monde juste, équitable, paisible, libéré de la corruption et de la manipulation… Nous souhaitons des changements intérieurs ou extérieurs au lieu d’aller à la rencontre de ce qui crée en nous-mêmes ce monde injuste, inégal, en perpétuel conflit. Cette compulsion à vouloir changer le monde extérieur nous éloigne de ce que nous sommes. Se vivre exige de sortir de la fuite et de l’espoir. Se vivre demande d’écouter ses pensées, quelles qu’elles soient, de lâcher la notion du bien et du mal, de se libérer de l’attente d’une vérité ou d’un changement extérieur ou intérieur…

C’est pour ces raisons qu’une démarche sans techniques, ni vérités toutes faites, peut paraitre ardue. Nous n’avons pas l’habitude non seulement de reconnaître, mais d’écouter nos émotions. Il est plus rassurant d’inventer un concept pour s’y réfugier que de réaliser que nous sommes entièrement responsables de notre existence. Il n’est pas évident d’admettre que, tôt ou tard, nous devrons lâcher toutes nos connaissances, exception faite de la pensée pratique.

Si nous sommes capables de penser, nous sommes capables de nous vivre.

Voici les questions à se poser. Ai-je vraiment envie de vivre ou est-ce que je choisis encore d’alimenter mes pensées conflictuelles ? Est-ce que je fais le choix de la liberté ou est-ce que je préfère survivre au travers de concepts ?

Devenir des penseurs avertis et non plus des êtres soumis.

Nous pouvons devenir les penseurs avertis de notre existence en entrant dans une logique de compréhension. Lorsque nous comprenons que les racines du passé conditionnent notre existence, nous nous en libérons. Sans cela, nous entretenons notre malaise en nous focalisant sur autre chose que ce que nous vivons.

Se comprendre demande d’utiliser ce que nous partageons tous au-delà de nos apparentes différences culturelles, sociales ou philosophiques : l’émotion et la pensée. Il n’est plus question de qualités exceptionnelles, de niveau spirituel, d’intelligence littéraire ou scientifique. En d’autres mots, l’émotion et la pensée sont les racines de notre reliance, pour autant que nous les exprimions telles quelles, sans justification ou interprétation.

Cette intelligence nous mène en droite ligne à ce que nous sommes. Nous pouvons enfin sortir de la pensée conflictuelle, du temps, de nos croyances, de nos peurs, de nos doutes, de nos attentes… Cela procure une sensation de soi inexplicable, juste à vivre. Cette démarche ne s’arrête jamais, elle mène à une compréhension de soi de plus en plus profonde, à une reconnaissance de plus en plus affinée de notre ressenti.

Se comprendre pour se vivre mène inéluctablement l’être humain à sa globalité par la compréhension de ce qu’il n’est pas, c’est finalement réaliser l’évidence que tout est soi. Avec notre intelligence nous sortons du conflit intérieur et extérieur, pour enfin réaliser l’envergure de l’être l’humain conscient de ce qu’il est.

Fraternellement,
Olivier
conscienceducoeur@belgacom.net
www.conscienceducoeur.tk



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Il est Lui

O combien est magnifique Ton visage ! Que de timidité se cache dans ce regard!
Une fois dévoilée Ta contenance,
Comment être intime avec autre que Toi (Hu).

Nous ne désirons que Toi; ne prononçons que Ton nom:
Nous ne contemplons que l'Unique, n'exprimons que l'Unique, ne sollicitons que l'Unique.
Sur Ton chemin, corps et âme abandonnés,
Ne pouvant ni être offensé, ni nous détourner de Toi.

Nous embrassons Ta grâce comme Ta colère:
Pour nous, douce et plaisante est Ta rigueur.
Sur l'ardoise du cœur, nous avons effacé toute trace du ‘Moi',
Et inscris à sa place, ‘Lui'.

Par la grâce de Ton amour nous avons abandonné l'existence même, et maintenant
Assis paisiblement, nous ne recherchons plus rien.
Peu importe que Tu nous donne la lumière, jour et nuit,
Mon invocation sera : Il est ‘Lui'.


Ecrit par Dr. Nurbakhsh
Traduit du magazine SUFI 37
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Qu'est-ce que le soufisme?

Qu'est-ce que le soufisme?

Introduction

L'essence du soufisme est la Vérité, la définition du soufisme est l'expérience et la réalisation désintéressée de la Vérité.

La pratique du soufisme: la méthode du soufisme est l'intention et la détermination d'aller vers la Vérité par les moyens de l'amour et de la dévotion. Cette pratique a pour nom la Tariqa, la voie spirituelle ou le chemin vers Dieu.

Qu'est-ce qu'un soufi ? Le soufi est l'amoureux de la Vérité; c'est celui qui par les moyens de l'amour et de la dévotion va vers la Perfection dont tout le monde réellement est en quête. Comme le nécessite la jalousie de l'amour, le soufi est détaché de tout à l'exception de la Vérité Réelle. Pour cette raison, il est dit dans le soufisme que, "ceux qui sont intéressés par l'au-delà ne peuvent pas donner d'importance au monde matériel. De la même façon, ceux qui sont préoccupés par le monde matériel ne peuvent pas être intéressés par l'au-delà. Mais le soufi (à cause de la jalousie de l'amour) est incapable de s'occuper de l'un ou de l'autre de ces deux mondes."

Cette même idée est exprimée par Shebli qui disait "Celui qui meurt pour l'amour du monde matériel, meurt en hypocrite. Celui qui meurt pour l'amour de l'au-delà meurt en ascète. Mais celui qui meurt pour l'amour de la Vérité, meurt en soufi."

Le soufisme

Le soufisme est l'école de l'illumination intérieure. Le but du soufisme est la connaissance de la Vérité par une prise de conscience réelle du coeur et de l'esprit a travers l'illumination intérieure; et non par l'intermédiaire de théories et de raisonnements philosophiques ou rationnels.
Expliquer la Vérité est en effet une tache difficile. La portée limitée des mots ne peut jamais vraiment exprimer la perfection de l'Absolue, l'Infini. Ainsi, pour les hommes qui ne sont pas "parfaits", les mots sèment le doute, cependant:

Si on ne peut pas épuiser l'eau de l'océan,
on peut cependant y étancher sa soif.

Des sages ont écrit d'innombrables volumes et parlé sans fin de la Vérité, mais toujours est-il que leurs efforts n'ont pas abouti. Pour le soufi, les sages ne voient la perfection de l'Absolu que d'un point de vue limité; aussi ils ne voient qu'une partie de l'Absolu et non l'infini dans sa globalité. Il est en fait vrai que ce que les sages voient est juste; néanmoins ils ne voient qu'une partie de l'ensemble.

Ceci rappelle la fameuse histoire, contée par Roumi, à propos d'un groupe d'Hindous qui n'avaient jamais vu un éléphant de leur vie. Un jour, ils vinrent dans un lieu où se trouvait un éléphant. Dans l'obscurité complète, ils s'approchèrent de l'animal, chacun le définissant à sa manière. Plus tard, ils décrivirent ce qu'ils pensaient avoir perçu. Naturellement, leurs descriptions étaient différentes. Ceux qui avaient touché le pied de l'animal prétendaient qu'il était une colonne. D'autres le jugeaient d'après son oreille, semblable à un éventail, quelques-uns uns le jugeaient à sa trompe, et ainsi de suite. Chacune des descriptions, par rapport aux différentes parties que chacun avait touché était correcte. Cependant, quand il s'agissait de décrire correctement l'ensemble, leur conception était loin de la réalité. S'ils avaient eu une chandelle, les divergences d'opinions n'auraient pas émergé. La lumière de la chandelle aurait révélé la nature de l'éléphant.

C'est seulement par la lumière de la Voie spirituelle et la Voie mystique que la Vérité peut réellement se réaliser. Pour que l'individu soit réellement témoin de la perfection de l'Absolu, il doit voir avec la vue intérieure qui perçoit la réalité dans sa globalité. Ce témoignage se manifeste quand on devient parfait, c'est-à-dire quand on perd son existence partielle dans le Global.

Si l'on compare Dieu à l'océan et l'être humain à une goutte d'eau, on peut dire que le soufisme consiste à amener la goutte d'eau à l'océan. Tant que la goutte d'eau ne s'est pas abandonnée dans le fleuve ou l'océan, elle ne peut oublier sa condition de goutte; mais lorsqu'elle se fond dans l'océan, c'est avec les yeux de l'océan qu'elle contemplera l'océan.

Comment la réalisation de la perfection est-elle possible ?

L'homme est dominé par ses propres désirs et la peur. Ceux qui sont pris au piège de ces impulsions s'écartent de l'harmonie de la nature divine et deviennent malades. De cette maladie, il résulte des sentiments défectueux et par conséquent, les pensées et les perceptions deviennent incertaines. Ainsi, la foi aussi bien que l'individuelle connaissance de la Vérité s'écartent de la réalité.
Pour pouvoir aller vers la Perfection, l'individu doit d'abord changer sa façon négative de penser et transmuer ses passions et sa peur. Cela s'accomplit en s'harmonisant avec la nature divine. Cette voie d'harmonie (la voie spirituelle) est composée de pauvreté spirituelle, de dévotion, et du souvenir constant et désintéressé de Dieu. De cette manière, l'individu vient à percevoir la Vérité telle qu'elle est vraiment.

Ascétisme et abstinence dans le soufisme

Pour pouvoir traverser la voie, le soufi a besoin de la force qu'il tire d'une bonne alimentation. Il a été dit que tout ce que le soufi mange est transformé en qualités et en lumières. Cependant, la nourriture des autres, puisqu'elle va servir leurs propres désirs et leur inquiétude, ne fera que renforcer leurs affections égoïstes et les éloigner davantage de la Vérité. A ce propos Roumi a écrit:

Celui-ci mange et seulement l'avarice
et l'envie en résultent,
alors que celui-là mange et il n'en résulte
que la lumière de l'Unique.
Celui-ci mange et seulement l'impureté
en résulte, alors que celui-là mange
et tout devient la lumière de Dieu.

Il est alors clair que le soufisme n'est pas fondé sur des pratiques ascétiques telles que l'abstinence de la nourriture. Dans notre école, le voyageur sur la voie de Dieu est seulement conseillé de s'abstenir de manger quand il est malade ou atteint d'impulsions passionnelles. Dans ce cas le maître ou le guide spirituel l'autorise à s'abstenir de manger pour un laps de temps, et lui demande plutôt de se concentrer sur les pratiques spirituelles. De cette façon, l'excès est transmuté et l'être intérieur du voyageur devient harmonieux. Le derviche pourra ainsi continuer son ascension périlleuse vers l'Infini.

Certains philosophes versés dans la pratique hindoue croient que dans le jeune se trouve la force nécessaire a la purification de l'individu. Dans le soufisme, au contraire, l'abstinence seule ne suffit pas pour purifier l'individu. Il est vrai que l'ascétisme et l'abstinence donnent un certain état spirituel, et dans cet état, la perception que l'individu a pourrait être clarifiée. Mais nos passions pourraient être comparées à un dragon qui devient moins puissant pendant le jeune et qui, une fois repu, se ranime, devient plus puissant que jamais et cherche à satisfaire ses désirs.
Dans le soufisme, c'est au moyen de la Tariqa (la voie spirituelle) que les passions sont progressivement purifiées et transformées en attributs divins, jusqu'a ce que tout ce qui est propre au moi individuel disparaisse. Alors, tout ce qui reste est le Parfait, le moi divin. Au sein d'une entreprise si vaste et si précise, l'ascétisme et l'abstinence n'ont pratiquement aucune valeur.

La voie spirituelle

La Tariqa est le chemin, la voie par laquelle le soufi vient en harmonie avec la nature divine. Comme nous l'avons dit, cette voie comprend le "faqr" ou la pauvreté spirituelle, la dévotion et le souvenir continuel et désintéressé de Dieu, qui sont représentés par le Khirqa ou l'investiture honorifique du derviche.

La pauvreté spirituelle (faqr)

Ceci est à la fois le sentiment d'être imparfait et le besoin et l'aspiration à la perfection. Le Prophète Mohammed disait "mon honneur est la pauvreté spirituelle. Je l'emporte sur tous les autres envoyés de Dieu pour avoir été pourvu de la grâce de la pauvreté spirituelle". Et Dieu révéla au Prophète: "Dis: Ô Dieu, augmente ma vraie connaissance de Toi". (Le Coran: Ta. Ha; XX :114). Comme cette dernière phrase l'indique, bien que le Prophète soit pourvu de l'honneur de la prophétie, il était encore nécessaire qu'il se sente dans la pauvreté et le désir d'être plus proche de l'essence de Dieu.
L'investiture honorifique (khirqa).

Le Khirqa est le manteau d'honneur du derviche. Il symbolise la nature divine et ses attributs. Certains ont, par erreur, cru que le manteau en fait possède les propriétés relatives aux attributs divins et ont pensé qu'en portant ce manteau, l'on devient un saint. Cependant, le fait de porter un habit spirituel ne rend pas nécessairement spirituel; l'habit ne fait pas le moine. Un soufi porte ce qu'il veut ou ce qu'il aime tout en étant en parfaite harmonie avec ce qui est socialement accepté. Ali, le Premier Imam, disait: "Ne t'habille pas de telle sorte qu'on te montre du doigt, ne t'habille pas non plus de telle sorte qu'on t'humilie." Aussi ce n'est pas l'habit qui fait le soufi, ce sont plutôt ses actes et son état intérieur.

Repose-toi sur le trône du coeur,
et avec la pureté de tes actes,
soit un soufi.
-- Sa'di

Le manteau est tissé avec l'aiguille de la dévotion et le fil du souvenir permanent de Dieu. Celui ou celle qui veut être honoré de ce manteau doit, avec dévotion, se soumettre à un guide spirituel. La vraie dévotion attire le coeur de l'individu vers le Bien-Aimé. Ceci implique une attention continue à la Vérité Réelle et un constant effort d'abandon de soi. Ceci inclut l'indiscutable soumission à un guide spirituel.

Le guide par des moyens spirituels, pénètre dans la profondeur de l'âme du disciple, transmute ses mauvaises qualités et l'écarte des impuretés du monde de la pluralité. En d'autres termes, le guide prend l'aiguille de la dévotion des mains du disciple, et tisse le manteau du soufi avec le fil du souvenir permanent de Dieu. Ainsi par la grâce du manteau des Noms et des Attributs Divins, le disciple deviendra un homme parfait.

Souvenir perpétuel de Dieu (Dhikr).

L'unicité absolue possède des forces qui, par le canal de la divinité peuvent être mises à la disposition des êtres. Tout être, selon ses capacités, bénéficie de ces forces divines. En termes de mots, les manifestations de ces forces ou vérités sont exprimées par les noms divins. Comme par exemple: le Vivant (al-Hayy) signifiant que la vie universelle lui est subordonnée; et le Transcendant (al-Ali) signifiant que la force de l'univers lui appartient.

Les noms divins, dans le souvenir continuel et permanent de Dieu (le Dhikr) sont prescrits par le maître de la voie spirituelle, dans le but de préserver les disciples de la domination de l'ego, et des impulsions naturelles. Mais ce souvenir n'a de valeur que si tous les sens de l'individu viennent à se centrer totalement sur la Signification Réelle de ces différents noms. C'est seulement par une parfaite connaissance et l'amour de la Vérité de ces noms divins que l'attention portée sur le moi disparaît. Alors le moi devient purifié et embelli par les attributs divins.

A force de penser au Bien-Aimé et de m'imprégner de son souvenir,
Mon coeur a pris peu à peu Ses qualités sublimes.

C'est seulement de cette façon que la répétition des noms divins (litanie ou Dhikr) peut être appelée le souvenir désintéressé de Dieu.

Le disciple est pareil à une machine automatique dont l'énergie vient de la dévotion. Cette machine, avec l'aide précieuse du dhikr, transmute toutes les passions en attributs divins. Graduellement, le moi du disciple disparaît et fait place à la nature divine; alors le disciple peut maintenant recevoir l'investiture du soufi. Son coeur et son âme s'illuminent des caractères divins. A ce stade, le disciple est capable de participer à la fête spirituelle des soufis, qui a lieu dans la "Taverne de Ruine" (Kharâbât). Ceci est l'état spirituel de quelqu'un qui s'est lui même noyé dans Dieu (Fana). A cette station, le soufi perçoit directement les secrets de la Vérité Réelle. Comme il est dit dans le Coran, "seuls les purs peuvent saisir la Vérité Réelle." (le Coran: al-Waqehah, l'évènement; LVI : 79) Les purs en soufisme sont appelés les êtres parfaits.
Pour pouvoir montrer comment le souvenir de dieu (Dhikr) se pratique, prenons l'exemple de LA ILLAHA ILL ALLAH qui signifie: il n'y a aucune divinité à part Dieu Unique.
Le soufi s'assoit, soit les jambes croisées ou sur ses talons, la main droite placée dans la paume gauche et la main gauche sur le poignet droit. Dans ces positions, les mains et les jambes de l'individu forment un LA (non en arabe) symbolisant la non-existence du soufi devant son Bien-Aimé. Dans cette position le soufi doit renoncé à ce monde, à l'autre monde et à lui-même.
Le LA des bras commence à l'ombilic et continue jusqu'au cou du disciple. C'est comme une paire de ciseaux qui symbolise le détachement, l'absence de la tête, du soi, et le renoncement de la croyance dans l'attachement à l'existence limitée de l'individu.

Avec ILLAH (Dieu) le soufi incline la tête et la tourne vers la droite en un demi-cercle. Ceci est appelé l'arc de l'existence possible (Emkan). Ce mot symbolise la négation ou plutôt le renoncement à la croyance de tout ce qui n'est pas Dieu ou le monde d'Emkan. "Autre que Dieu" dans le soufisme signifie toute existence éphémère, limitée et possible; les êtres humains se préoccupent de ces existences possibles au lieu de l'éternel, celui qui englobe le nécessaire et l'Absolu-Réel de Dieu.

Alors, avec ILLALA, le soufi incline la tête et la tourne à gauche. Ceci est appelé l'arc de la nécessité (l'arc du Vodjube) et symbolise la réalité du nécessaire, la Réalité Absolue.

La Manifestation du Divin

Etant donné que les mots sont symboliques des objets, concepts et réalités, le soufi soutient que par une attention complète et continue à la signification et la réalité de son souvenir de Dieu, le souvenir constant et désintéressé, il peut se voir gratifié d'un des attributs divins.
Les soufis croient qu'il y a un attribut divin particulier qui domine l'être de chaque prophète et de chaque saint (Wali), de sorte qu'on pourrait dire que chacun d'eux est le réceptacle d'une théophanie particulière. Par exemple, les soufis considèrent Moise comme le symbole d'Alwiyat (supériorité ou aspect transcendant de la Réalité), à cause de la capacité qu'il avait de s'adresser directement à Dieu sans aucun intermédiaire. Dans le Coran, Dieu dit à Moise: "Ne crains rien car tu es le supérieur" (Le Coran: Ta.Ha.; XX : 68). Jésus est la manifestation de la prophétie. En effet, encore enfant, il s'écria, "Dieu me donna le Livre et me nomma son Envoyé". (Le Coran: Maryam, Marie; XIX : 30).

Tous ces prophètes incarnent l'Unité divine et la perfection, mais le Prophète Mohammed en est la manifestation suprême. Il est le symbole du Nom Supérieur (A'zam). Son nom est le plus glorifié de tous les noms divins, car englobant tous les noms. Ainsi Mohammed est l'incarnation spirituelle et la manifestation des noms divins. Mohammed lui-même disait: "La première création divine était ma lumière".

En outre, chaque prophète est la manifestation d'un seul attribut divin tandis que tous les attributs se retrouvent dans le nom le plus glorifié: le nom A'zam dont Mohammed était le symbole. En d'autres termes, Mohammed est la manifestation du Grand Nom. Aussi, du fait que sa manifestation inclut tous les noms, il vient hiérarchiquement avant toutes les créatures. Pour cette raison, il a dit ceci: "J'étais l'envoyé de Dieu lorsque Adam était encore entre l'eau et l'argile".

Sama

Si tu n'es pas avec le Bien-Aimé,
pourquoi ne le cherches-tu pas?
Et si tu arrives à ton Bien-Aimé,
pourquoi ne t'en réjouirais-tu pas ?

L'aspect musical et extatique du soufisme est appelé Sama. Le soufi, durant son transport spirituel donne son coeur au Bien-Aimé a travers des mots particuliers et souvent une musique spéciale et rythmique. Dans cet état, le soufi est pareil a un amoureux ivre qui n'a rien d'autre en mémoire que Dieu. Avec toutes ses facultés, il est attentif au Bien-Aimé, et il s'est totalement abandonné et s'est oublié lui-même.

Tous les disciples ne sont pas autorisés à s'engager dans le Sama. Le guide spirituel seul décide de l'opportunité d'une telle pratique. Ainsi il peut prescrire le Sama a titre de remède ou parfois l'interdire.

La Sainteté (Walayah)

Il a été dit plus haut que le soufisme cherche à former des hommes parfaits qui pourraient faire refléter les noms et les attributs divins. Dans le soufisme, l'Homme Parfait est aussi appelé un "Wali" (un saint), un mot qui signifie littéralement "ami sincère"; tous ceux qui avaient été des prophètes ont aussi été des saints. Le degré spirituel de sainteté est une station indiquant l'état intérieur de l'individu, alors que le rang de prophète reflète la mission de l'individu comme envoyé de Dieu.

La mission prophétique de Mohammed était à la fois la sainteté absolue et la prophétie. Ali, bien que n'étant pas un prophète a atteint la même sainteté absolue. Mohammed disait: "Ali et moi sommes de la même lumière" et Ali disait "D'un point de vue ésotérique, j'ai été avec tous les prophètes".

Pour les grands soufis, les saints comprennent les successeurs d'Ali dans son rôle politico-spirituel comme le premier des Imams Chiites. Parmi les saints il y a aussi les grands maîtres des ordres soufis qui ont suivi la voie ésotérique tracée par Ali.

Ces hommes de lumière se sont abreuvés chacun selon sa capacité à la fontaine de la Vérité parce qu'ils ne sont connus que de Dieu. Seul Dieu connaît vraiment leurs différents états spirituels. Dans l'une des traditions du Prophète (Hadith), Dieu dit: "Mes amis sont sous Mon étendard, nul autre que Moi ne les connaît".

La plupart des gens n'ont pas la patience nécessaire pour connaître les saints. De plus il faut savoir que le contenu ne peut jamais dominer le contenant. La vraie connaissance des saints vient du savoir qu'on a de la réalité à travers son propre être intérieur.

Une erreur assez commune à beaucoup de gens est de croire qu'en s'isolant on devient un saint. Cependant dans la voie du soufi, la voie de Mohammed et d'Ali, on doit vivre en société. S'isoler, loin du contact du monde n'a pas de valeur spirituelle durable.

Mohammed disait: "La foi d'un croyant ne se complète que lorsque mille hommes de droiture impeccable l'inculpent d'athéisme." Ce qu'il voulait dire c'est que la connaissance divine d'un croyant parfait est au-delà du niveau de l'entendement de la plupart des gens. Ceux qui entendent parler un tel homme parfait, étant donné qu'ils ne peuvent pas percevoir la vérité de ce qu'il dit, le prendrait pour un non croyant.
Un vrai croyant, un soufi, doit vivre dans la société, la servir et la conduire et être le véhicule à travers lequel la société reçoit la grâce divine. C'est pour cette raison que la concordance, l'adaptation et l'harmonie avec le milieu sont une des premières conditions de l'Homme Parfait.

La Purification et ses étapes

Les étapes de la purification sont:

1. Le moi vidé de lui-même (L'élimination ou Takliya)
2. Le moi éclairé (L'illumination ou Tajliya)
3. Le moi orné (L'ornementation ou Tahliya)
4. Le moi disparu (L'annihilation ou Fana)

Ces étapes apparaissent au cours du souvenir désintéressé de Dieu (Dhikr). La première étape, être vidé de son moi, implique le rejet des mauvaises qualités, les passions qui viennent du moi égoïste. La deuxième étape, celle du moi éclairé, implique le polissage du coeur et de l'ame de la croyance et de l'attachement au moi. Dans la troisième étape, l'être intérieur du disciple devient paré des attributs divins. Finalement, l'être intérieur du disciple devient complètement rempli des attributs de la Vérité-Réelle, dans la mesure ou il n'y a plus aucun signe de sa propre existence limitée. Cette quatrième étape est appelée " le moi disparu" (fana). Un poète soufi a dit:

J'ai pensé à toi si souvent
que je suis devenu toi.
Peu a peu tu t'es approché
et peu a peu moi j'ai disparu.

Le disciple a travers ces étapes de la purification, voyage a travers la voie intérieur, la voie spirituelle (Tariqa). Mais il (ou elle) peut faire ce voyage seulement en suivant les devoirs et obligations de l'Islam (Shari'a). Apres avoir traversé cette voie, le disciple devient un homme parfait et arrive au seuil de la Vérité (Haquiqa).Mohammed disait "la Shari'a forme ma parole, la Tariqa constitue ma pratique, et le Haquiqa n'est que mon état."

On pourrait considérer le voyage a travers le Haquiqa, a travers la Vérité, comme une formation dans l'Université Divine, la "Taverne de Ruine" (Kharabat). Dans ce réel centre d'études supérieures, il n'y a pas de professeurs, le seul guide de l'étudiant, c'est l'Amour absolu. Ici l'amour est le seul maître, le seul programme d'étude, mais aussi l'être intérieur de l'individu.
Avant son entrée dans cette Université un homme parfait pourrait encore être défini. Cependant, une fois dans la Réalité, il devient indéfinissable au-delà du monde des mots.

Vous trouvez la trace des pieds jusqu'au bord de l'Océan du Fana,
mais après on ne peut plus distinguer de traces dans l'Océan du La.
-- Roumi

Si vous lui demandez son nom, comme Bayazid, il répondra: "il y a longtemps que je l'ai perdu. Plus je le cherche, moins je le trouve".Si vous lui demandez sa religion, comme Roumi, il répondra:

La voie d'un amoureux
n'est pas dans la religion
l'église et l'état des amoureux
c'est Dieu.

Si vous lui demandez comment va-t-il ? Comme Bayazid, il répond: il n'y a que Dieu sous mon manteau.

S'il parle comme Hallaj, vous pourriez l'entendre chanter, Je suis la Vérité". (Ana'L-aqq).

De telles outrances ne peuvent vraiment venir que des hommes parfaits qui ont perdu leur moi et sont devenus la manifestation de la nature divine et des mystères divins, l'habitacle théophanique. Leur moi s'est envolé et seul Dieu est resté.

Ecrit par Dr Nurbakhsh

"Tout ce que je peux dire de l'Amour
me fait rougir de honte quand je tombe en Amour."
-- Roumi

Extrait d'un discours prononcé par Dr. Javad Nurbakhsh, Maître de l'ordre Nématollahi, à la Sorbonne de Paris, en 1963:


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